Ce matin-là, comme l’air était doux, le printemps offrant ses premiers « vrais » beaux jours, ces demoiselles…
Trop d’adjectifs ici.
Ce matin-là, comme la journée s’annonçait belle et ensoleillée, ces demoiselles…
Pas mieux.
Ce matin-là, comme la journée s’annonçait (comment?) ces demoiselles décidèrent de déjeuner dehors. A ma grande surprise je fus convié à partager leur repas. J’acceptai avec joie, touché par cette délicate attention (puisque malgré la dizaine de jours passés ici je reste et resterai à jamais l’étranger) et par cette absence totale de rancune chez ces jeunes enfants que je venais pourtant d’insulter copieusement quelques minutes auparavant rapport à leurs insupportables piailleries.
A l’heure convenue, onze heures trente exactement, je me présentai donc, empli des meilleures intentions, avec cependant au ventre cette légère angoisse qui me saisit toutes les fois que je dois adresser la parole à des enfants. (Quels sujets aborder ? La crise économique ? les énergies renouvelables ? le sexe ? l’existence de Dieu? )
Je fus donc presque soulagé de n’apercevoir personne. Seuls quelques chuchotements me parvenaient de derrière le massif de bambous. J’observai alors la table mise sur le banc de pierre. Consternation. De toute évidence, tous ces plats étaient immangeables voire dangereux pour la santé. Absence totale de viandes, de vins et spiritueux. J’allais m’éclipser discrètement lorsque ces demoiselles surgirent pour se précipiter vers moi toute joyeuses.
Ce fut la météo qui me sauva : dans l’immensité bleutée du ciel un minuscule nuage apparut au loin, solitaire et orphelin. « Le nuage ! le nuage ! m’écriai-je alors. Le nuage japonais ! Il est arrivé ! Rentrez prestement mesdemoiselles ! courez vous enfermer dans vos chambres ! Et n’en sortez que lorsque je vous le dirai ! »
C’était hier et j’attends encore un peu avant de lever l’alerte. Principe de précaution, que ça s’appelle.
Question : La vie à la campagne mérite-t-elle d’être vécue ? Franchement?