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31 janvier 2015 6 31 /01 /janvier /2015 15:36

 

  Je me méfie des âmes charitables. Je n’y peux rien, c’est ainsi. Sans doute pour la raison que j’ai eu affaire à certaines d’entre elles par le passé et que je n’en garde pas un souvenir tant ému que ça.

  Pas question cependant de mettre toutes ces âmes dans le même panier bien sûr. J’en veux pour preuve cette amie qui, faute de pouvoir se précipiter à mon chevet – ce qui était pourtant le but inavoué – m’adresse cette documentation.

 

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  La phytothérapie que ça s’appelle. Outre qu’à Paris les herboristes sont rares, je m’amuse de l’idée suivante, à savoir que si j’habitais au pied d’une montagne ou au milieu d’une lande désolée, je devrais me lever, m’habiller chaudement, saisir mon bâton, et tout chancelant de fièvre parcourir des kilomètres à la recherche de la plante miraculeuse. Autant chercher un trèfle à quatre feuilles dans une meule de foin je me comprends.

  D'autant que j'aperçois parmi ces plantes prétendument bénéfiques la grande et petite ciguë, le ricin, et l'ellébore blanc. En revanche, le chanvre et le pavot me sont plus familiers. A l'oreille tout à moins... 

  Reste le tabac. Je vais essayer le tabac. Qu'est-ce que je risque après tout?

 

 

                                                                                                                    (Brouillon daté du 14/01/2011)


 

 

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26 janvier 2015 1 26 /01 /janvier /2015 22:50

 

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Depuis le temps que je suis assis là au bord du fleuve à guetter le cadavre de mon ennemi, j’ai fini par me poser un certain nombre de questions, en apparence assez simples, mais pas assez cependant pour que je sois en mesure d’y répondre, sans quoi je n’aurais évidemment pas pris la peine de me les poser publiquement, le propre d’une question publique étant de rester sans réponse, disons que c’est un genre, peut-être pas littéraire, si, non, mais un genre tout de même, je me comprends. 

 

A savoir : en ai-je seulement un d’ennemi? même un petit ? si petit qu’il m’aurait pour ainsi échappé ? (Ou au contraire il se serait agi d’un ennemi colossal mais dont le cadavre gigantesque aurait profité d’une nuit sans Lune pour me passer juste là sous le nez alors que je somnolais. Si colossal qu’il aurait naturellement coulé à pic au lieu de flotter le ventre à l’air comme ces innombrables bestiaux que j’ai vus défiler. (Mon ennemi juré serait-il un chien, un chat, un rat? Pour le chien, je ne dis pas, le chat non plus, j’en ai tellement persécutés, mais un rat, non, je n’ai pas souvenir d’avoir eu des mots.)

 

Ou bien : je n’ai pas d’ennemi. Tout simplement. Pas un. J’aurais réussi cet exploit de traverser cette odieuse vie sans provoquer la moindre hostilité de quiconque, ni d’une femme ni d’un commerçant, deux catégories qui n’en font en réalité qu’une, où il est facile de trouver matière à assassinat.

 

Voilà qui serait terrible : un homme digne de ce nom possède un ennemi au moins, ou plusieurs ennemis, ou c’est à désespérer de l’Humanité. 

 

 Si j'en ai un, sait-il nager? Assez adroitement pour éviter la noyade? Aurait-il coulé à pic ? Et en ce cas je l'attends là au fil de l'eau alors qu'il repose au fond. 

 

Hypothèse : j’ai un ennemi, un terrible, mais voilà qu’un courant tout à fait inhabituel aurait emporté sa dépouille loin en amont? Auquel cas j’attendrais au mauvais endroit ? Mon salaud m’attendant à la source ? 

 

(Un temps, hélas révolu, j’ai rêvé de gifler un policier, en grande tenue et en public, le plus sympathique, le plus bonhomme. Une torgnole à envoyer balader son képi à l’autre bout de la chaussée. Et j’aurais attendu. La mort bien sûr mais avec cette certitude enfin de m’être fait là un ennemi juré.)

 

(Hypothèse autre : je serais cocu et mon ennemi serait dans le placard, bien au chaud, ou au lit sachant que j’en ai pour un moment à attendre au bord de ce fleuve où je suis en train d’attraper la mort. Après tout, c’est peut-être moi l’ennemi d’un autre et je n’en sais rien. Il m’attend quelques centaines de mètres plus loin en faisant semblant de taquiner le goujon tout comme moi. Question : pourrais-je tirer quelque fierté à être l’ennemi d’un autre ? qui serait à même de me consoler de n’en avoir aucun ?) 

 

C’est désespérant.

 

Faire de moi mon propre ennemi, me foutre à l’eau et me contempler en train de faire la planche. 

 

 

                                                                          (Brouillon daté du 23-11-2012)

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17 janvier 2013 4 17 /01 /janvier /2013 17:12

 

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   Mémé est atteinte de la danse de Saint-Guy, c'est-à-dire qu’elle arrête pas de branler le chef tout en faisant oui oui puis non non puis oui oui puis non non, au point qu’on ne sait jamais si elle est d’accord ou pas et c’est énervant à la longue.

   Là où ça s’est gâté c’est quand Odette a eu cette bonne idée de lui faire tirer le portrait par monsieur Duvauchel, le photographe du village. Elle voulait un souvenir. Monsieur Duvauchel n’arrêtait pas de nous dire d’essayer de la faire tenir tranquille vu que le petit oiseau allait sortir. Alors on a commencé par la tenir par les oreilles, moi celle de gauche, Odette celle de droite, ou le contraire, mais ça ne suffisait pas. Par les cheveux, c’était pas mieux et même pire. Monsieur Duvauchel a commencé à s’impatienter comme quoi il n’avait pas toute la journée devant lui. J’ai proposé d’attacher mémé au fauteuil mais Odette a dit qu’elle avait une meilleure idée, elle est allée direct à la remise et d’un seul coup d’un seul, alors que tous les médecins avaient renoncé depuis longtemps, elle a soigné grand-mère qui s’est enfin arrêtée de bouger et ne bouge plus du tout maintenant. D’ailleurs on la reconnait bien sur la photo, c’est elle toute crachée.

 

 

 

 

 

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7 janvier 2013 1 07 /01 /janvier /2013 18:23

 

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A ces mots, la mère saisit sa fille par les cheveux et la projeta au sol avant de se jeter sur elle en hurlant, la frappant à coups de pieds, de gifles, ainsi que tout autre objet contondant se trouvant à portée.

   - Salope ! me faire ça à moi ! ta mère ! Après tout ce que j’ai fait pour toi ! … Non mais une chance pareille ! Tu crois qu’ça se présente deux fois dans une vie, connasse ??! … Un homme de cette dimension ! Aussi brillant ! L’avenir devant lui ! Beau comme un dieu ! Et monté comme un bourricot en plus ! Ah ne dis pas non, c’est ta petite sœur qui me l’a dit ! … Et riche à en crever avec ça ! Non mais as-tu seulement pensé à ta famille??

  Enfin la pauvre femme parut se calmer. Elle hésita un instant, le temps de reprendre son souffle, puis joignant pieusement les mains elle s’agenouilla auprès de sa fille.

-          - Allez, ma chérie, c’et fini ! Sèche donc tes larmes et prions ensemble notre Seigneur ! … Seigneur Jésus, nous te prions pour que Depluloin pardonne à ma fille et lui revienne bien vite. Nous t’en supplions Seigneur Jésus, que cet homme providentiel que tu as eu la bonté de placer sur notre chemin ne nous échappe pas et fasse le bonheur de notre fille, et accessoirement celui de la famille. Fais qu’il l’épouse au plus vite, sous le régime de la communauté de biens si c’est pas trop demander. Nous t’en supplions, Seigneur Jésus. Amen. Ainsi soit-il.

 

 

 

 

 

 

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3 janvier 2013 4 03 /01 /janvier /2013 12:20

 

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   Que ceux d’entre vous qui ont eu l’extrême amabilité de me souhaiter une bonne année 2013 se fassent connaître, j’aurais deux mots à leur dire. Oh trois fois rien, qu’ils se rassurent.

 

 

 


 

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12 décembre 2012 3 12 /12 /décembre /2012 17:39

 

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   Souvent, sous un prétexte ou sous un autre, ma mère me prenait à part pour me faire la leçon. (La plupart du temps, ce prétexte consistait à me prendre en photo mais, soit qu’elles aient été perdues, soit qu’elle ait négligé de charger l’appareil, car elle faisait «attention à tout», pas une seule ne figure dans l’album familial qui d’ailleurs a disparu.)

  • Tu as eu une enfance heureuse. Tu te souviendras ? Répète !
  • Oui...
  • Non ! Tu as eu une enfance heureuse ! Répète ! 
  • J’ai eu une enfance heureuse.
  • Très bien ! 

  A cet instant-là seulement, elle prenait quelques clichés ou faisait mine. Décidément je ne saurai jamais. Quand elle jugeait qu’elle en avait assez fait, car même sans pellicule elle courait le risque d’user le mécanisme pour rien, elle me souriait brièvement avant que son visage ne reprenne cet air inquiet qui ne la quittait jamais. Du moins en ma présence.

  • Tu te souviendras, tu es sûr cette fois ?
  • De quoi ?
  • De comment a été ton enfance? Je viens de te le dire, espèce de petit abruti ! Ton enfance a été... a été...
  • Euh... abrutie ?
  • Non ! Ton enfance a été très... très-heu... très-heu-reu... très heureuse ! TON ENFANCE A ÉTÉ TRÈS HEUREUSE !!!
  • Ah oui ! oui ! Je sais m’dame maintenant ! je sais !! Mon enfance a été très... très... 
  • Dieu que cet enfant est bête !! murmurait-elle alors en me dévisageant curieusement. Un vrai petit idiot ! un vrai de vrai ! 

  Puis me plantant là, elle tournait les talons pour aller rejoindre les autres sur la plage. Mais elle avait beau leur grimacer son plus beau sourire, je l’entendais grincer entre ses dents :

  • Mais quel connard ! ... quel connard ! ... Fils de pute, tiens ! 

  Quoi qu’il en soit, c'est à ces moments privilégiés avec ma mère que je dois de savoir que j’ai eu une enfance heureuse. Et un peu idiote aussi peut-être.

 

 

 

 


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7 décembre 2012 5 07 /12 /décembre /2012 17:31

 

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Une cachette originale. (Copyright Musée du Cocuage. France)

 

 

  Je n’ai jamais surpris ma femme dans les bras d’un autre. Ce qui s’appelle surprendre : on pousse la porte et clac on est cocu, c’est fait, on en est réduit à en croire ses yeux pour une fois et sauf à s’appeler saint Thomas nul besoin d’aller y fourrer son doigt.

  (J’y vois une raison majeure et principale, qui ne doit rien à un talent quelconque, à savoir celle-ci : je n’ai jamais été marié. Une façon radicale de se prémunir. Quoique avec cette chance qui m'a toujours souri je sois encore capable de l’être ou de l’avoir été sans même l’aide d’une conjointe.) 

   Je ne regrette pas notez bien, ça ne me manque pas trop. Sauf peut-être au temps de ma jeunesse où le souvenir récent de ces interminables séances de close-combat héritées du Service National m’aurait sans doute permis de gâcher le goujat. Parce que aujourd’hui je crois bien que j'en serais réduit à refermer précipitamment la porte en bafouillant un Oh excusez-moi, pardon, pardon, continuez, continuez... 


 

 

 


 


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14 octobre 2012 7 14 /10 /octobre /2012 17:39

 

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  Merde alors. Un instant d'inattention, un seul, et voilà que j'ai déjà oublié les règles du jeu. Je n'aurais pas dû bâiller. (Chez moi, un bâillement intempestif peut me faire oublier jusqu'à mon nom, ce pendant une demie minute au moins.) S'il s'agit bien d'un jeu car je doute que l'on puisse s'amuser avec ce petit tas d'aiguilles à tricoter. Sauf à tricoter bien sûr mais tricoter ne me semble pas non plus l'activité la plus ludique qui soit sauf peut-être à utiliser un fil invisible pour confectionner quelque chose d'invisible comme une écharpe ou une paire de chaussettes invisibles. Ça se serait drôle. 

 

  Il ne s'agit pas de baguettes chinoises puisque je n'aperçois pas de bol de riz.

 

  Ni de coton tige car pas trace d'ouate aux extrémités.

 

  Ni d'allumettes n'ayant réussi à mettre le feu nulle part.

 

  A mon avis, et quelques bâillements plus tard, je penche pour une collection de cure-dents. Car si se curer les dents ne peut pas à proprement parler être assimilé à un jeu, même solitaire, il peut très bien en revanche constituer une sorte de passe-temps. A condition d'avoir mâché quelque chose de solide au cours des deux ou trois semaines précédentes, ce qui n'est pas mon cas. Donc, pour le curetage on repassera.

 

  Allez, encore une heure ou deux de réflexion et je me lance dans l'auto-acuponcture. Qui sait, ce jeu consiste peut-être à jouer au docteur. 

 

 

 

 

 

 

 

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8 octobre 2012 1 08 /10 /octobre /2012 11:08

 

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                                                                                      Copyright Waclaw Wantuch

 

 

  Ce que je regarde d'abord chez une femme ce sont ses yeux où il se peut que je trouve un regard. Puis son nez, sa bouche, ses oreilles. Enfin son visage où normalement toutes ces belles choses sont rassemblées à leur place. 

 

  Puis sa gorge, son cou et sa base, avec ces fines attaches en apparence si fragiles qui font que la femme garde la tête sur les épaules. 

 

  (Parfois ses pieds mais en réalité ce sont le bout de mes chaussures que je fixe, mon index enfoncé dans l'oreille.)

 

  Puis, le cas échéant, son sourire si elle daigne et aussi quelque chose dans le regard qui indiquerait Dieu sait quoi. C'est cette partie de ma contemplation qui s'avère la plus délicate car je ne sais pas, ou plutôt je ne peux pas regarder une femme en face (une femme mais aussi un homme, un chien, un cheval), ce qui m'oblige à procéder par balayage un peu à la façon d'un radar et me donne l'air inquiétant de ces fous qui dodelinent sans cesse en roulant les yeux. 

 

  Puis ses cheveux, leur couleur, leur reflet. Puis ses dents quand elle en a, je veux dire quand elles sont visibles car elles ne le sont pas toujours, sauf déformation, et pour cela il faut donc qu'elle me sourit, ce qui est rare, ou qu'elle baille, quand je lui lis un de mes poèmes par exemple. 

 

  Après, de nouveau les yeux dont j'ai déjà oublié la couleur. 

 

  Après. Après rien.

 

  Après j'en ai marre, je vais jouer avec mon train électrique.

 

 

 

 

 

 

 

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5 octobre 2012 5 05 /10 /octobre /2012 19:02

 

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  Sur la fin, on a prétendu que grand-père perdait un peu la tête. Plus élégante, manière aussi de tempérer ce diagnostic, ma mère préférait dire qu'il retombait en enfance. Mais pour moi qui venait à grand peine d'en sortir, cette rechute n'avait rien de rassurant, me semblait même une catastrophe autrement plus grave que de perdre la boule.

 

  Et pourtant, ne serait-ce que pour son superbe costume de chef indien, je l'aurais volontiers convié à venir se faire massacrer au fond du jardin, par David Crockett en personne, dont le déguisement, quoi qu'un peu juste à présent, m'allait encore assez bien. Car nul doute que, le sens de l'Histoire aidant, j'aurais eu forcément le dessus et que grand-père serait mort debout, comme un brave, le tomahawk à la main. Au lieu de quoi, il a rendu l'âme paisiblement dans son lit déguisé en déporté.

 

  C'est du moins l'air que je lui trouvais dans son beau pyjama à rayures.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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