Depluloin s’en va, il est parti, c’est fini. Pour exister, il avait besoin d’un minimum d’insouciance. Insouciance n’est pas le mot. Depuis quelque temps, il causait, assez mal du reste, de tout et de n’importe quoi. Encore un peu et il divaguait. Il a estimé avoir fait son temps comme on dit.
Dans le meilleur des cas les vieux chevaux finissent au pré, dans le pire à la boucherie. Or le bougre était du genre à se laisser facilement abattre justement. Soit qu’il ait trop longtemps tiré la charrue, soit qu’il n’ait plus vu le monde si différent qu’un gigantesque et épouvantable foutoir des états d’âme. Tel que je le connais il a dû en être le premier surpris et peiné. Naguère encore, il ne voyait pas les choses ainsi. Vieux rêveur, gamin boiteux les mains pleines, c’est pas Dieu possible.
Bref, il a rendu son tablier de cuir et posé son marteau. Il vous salue très affectueusement - c’était un grand sensible, un incorrigible sentimental. Les mal armés ou sous-armés dans son genre sont un peu ridicules mais sincères en général. Ce qui lui fait une belle jambe.
Dominique Chaussois devrait le remplacer. Mais pas tout de suite. Sera-t-il à la hauteur? Pas sûr. Nous verrons bien, vous verrez bien.
(Texte de Dominique Chaussois - La Bio Autorisée 21 - 17/08/10)
Dominique Chaussois nous a quittés cette semaine. Jeudi, il s'émerveillait de voir le soleil sur la neige. Je l'entends encore rigoler.