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28 avril 2010 3 28 /04 /avril /2010 16:16

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Lara cherchant l'inspiration en haut à gauche (de son point de vue)

 

         Le mieux serait peut-être de faire ici comme chez nous deux, lui dis-je un jour, histoire de mettre fin à l’incertitude fondatrice. Elle a acquiescé tout en continuant de faire comme chez elle seule. Le serait-elle après tout, seule? Je veux dire : fondamentalement. Même en ma présence? Surtout en ma présence? Peut-être devrais-je la présenter à un autre pour voir s’ils font deux? ou couple? Et surtout si elle paraît moins seule? (Penser à demander à un voisin ou au facteur de se prêter à l’expérience.)

         Ce sentiment, l’amour que j’éprouve pour elle, on m’a assuré, sans doute les voisins encore, qu’il était assez courant, voire assez répandu. Ça m’étonne un peu, sans quoi les gens ne vivraient plus. D’autres voisins, plus éloignés peut-être, donc moins concernés ou plus avisés comment savoir, semblent plus pessimistes : L’amour, cher voisin, pfff!! L’air de dire : vous voilà dans de beaux draps. Je ne sais qui croire. (Question à poser à ma Clara : jusqu’où s’étend le voisinage? son rayon? son périmètre? Les voisins de mes voisins sont-ils mes voisins?)

         Pour sa part, l’amour ne semble pas l’inquiéter. D’ailleurs, elle ne veut même pas en entendre parler. C’est qu’elle fait preuve d’une grande prudence avec les mots. Pas moi. Dès que je peux en trouver un de dangereux ou de catastrophique, c’est plus fort que moi il faut que je le case quelque part.

         Cependant ma soif de connaissance dans ce domaine très particulier de l’amour devint de jour en jour de plus en plus vive. J’en fis même une sorte de quête. Faute de promotions avantageuses, ce ne sont sont pourtant pas les revues qui manquent sur le sujet, je ne pouvais décidément m’adresser qu’à mes voisins. Et puis ça me promenait. Un jour que je posais la question à l’un d’entre eux, un voisin de mes voisins, par alliance donc ou issu de germain, il me fit cette réponse d’une traite : L’amour, mon cher, moins on en parle mieux ça vaut. Dans cette affaire rien ne vaut le silence, un sourire, une fleur, un dîner aux chandelles, et surtout la chose, très important la chose! Ne pas oublier de faire grimper Madame aux rideaux. Etes-vous bien membré au moins? Savez-vous vous en servir? Et les préliminaires! surtout ne pas négliger les préliminaires! Quelques mots coquins au passage! Et faites-la donc hurler bon sang! Qu’elle appelle sa mère! Prenez-la sauvagement! Faites parler la bête en vous! déchirez-la! Les femelles sont toutes des... des... toutes des... Il s’en tint là, comme soudainement assommé, essoufflé, le visage empourpré, les mains tremblant légèrement. Vu son état je n’osai le faire répéter car bien sûr je n’avais pas saisi la moitié de ses propos ni même eus le temps d’en noter quelques bribes. Pourtant mon instinct me dit que ce lointain voisin, si lointain que je fus incapable par la suite de retrouver son adresse, connaissait son sujet, le seul amoureux du quartier sûrement.

         En chemin je tentai de faire parler la bête en moi. Mais je restai étrangement muet. La bête aussi. Je décidai de me rabattre sur cette histoire de rideaux, l’idée me paraissant plaisante. (Mais pas qu’elle appelle sa mère. Trop tôt. Pour cela nous verrions plus tard.)

         De retour à la maison, je déclarai donc à ma Lara : Clara, ce soir je vous ferai grimper aux rideaux! Elle me regarda un peu surprise, puis souriant: Aux rideaux? Ce serait bien volontiers, encore faudrait-il que vous eussiez pensé à en installer! Et en effet, ce fut l’occasion pour moi de constater que mes fenêtres n’en comportaient pas, seulement de légers voilages, assez crasseux au demeurant, lesquels, de toute évidence, ne supporteraient pas son poids. Pour m’en convaincre, je me mis à y grimper moi-même, les essayant tous, et en effet pas un ne me supporta.

         - Tiens! Vous vous êtes enfin décidé à ôter ces affreux voilages! me dit-elle en passant avec ce sourire qui me fait douter.

 

 


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31 mars 2010 3 31 /03 /mars /2010 18:30

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Brebel-0903-copie-1.JPG

(Une des rares, sinon l'unique, photos sur laquelle Lara & Larron figurent ensemble.)

 

 

         Suite à cette incertitude, en quelque sorte fondatrice, de savoir si c’est elle qui m’a suivi ce fameux premier soir ou bien moi, il m’arrive de ne plus savoir très bien non plus où nous habitons. (Incertitude renforcée par l’une de mes politesses qui m’a fait lui dire dès le lendemain : “Surtout faites comme chez vous!” Et elle l’a si bien fait de faire comme chez elle, avec tant de naturel, que depuis c’est à moi de m’efforcer de faire comme chez moi, au point que j’aurais plus vite fait de faire comme chez elle, ce qui est d’ailleurs le cas.)

         Mais quand le doute devient trop fort, lorsque je m’y perds un peu trop dans les chez moi, les chez nous, ou les chez elle, c’est plus fort que moi il faut que je lui demande : Sais-tu au moins où nous habitons? Ou bien : C’est bien ici chez nous? Elle répond invariablement, ainsi d’ailleurs qu’à la plupart de mes autres questions : Je n’en sais rien vraiment, tu n’as qu’à aller demander aux voisins.

         Des voisins? J’aurais des voisins? Quelle joie.

         Les voisins, je n’ose plus trop les déranger avec mes questions du genre : Quel âge vous me donnez? Et elle, l’autre là, ma Clara-Fabiola, combien ça doit lui faire à peu près? Et son petit nom en avez-vous idée? Et notre adresse exacte, non? Et son sexe? quelle sorte de sexe lui donnez-vous? Et pour ce qui est du mien? En général, à force, ils m’écrivent tout ça sur un papier que je m’empresse d’aller lire à ma, à l’autre là. Pour une fois vous avez presque tout bon, me dit-elle alors, sauf pour mon prénom et mon âge. Je vous donne huit sur dix. (Huit sur dix fut l’une de mes meilleures notes, je ne crois pas en avoir obtenu de meilleures depuis.)

         A propos de faire comme chez elle, j’aurais bien tort de lui en vouloir car c’est elle qui m’a fait découvrir que ma maison comportait un étage où elle a installé ses quartiers, c’est à dire, principalement, son bureau dont les deux fenêtres donnent sur le jardin. Un joli jardin, assez mal entretenu hélas et pour cause, j’ignorais qu’il fut à moi. Que ce premier étage m’ait échappé si longtemps alors que je grimpe au moins trois fois la semaine au grenier étendre mon linge reste un mystère. (De même que ce jardin que je prenais jusque là pour un terrain vague où j’allais discrètement déposer mes ordures la nuit venue.)

         Du coup, histoire de ne pas passer pour un demeuré, je me suis mis à explorer ma maison de fond en comble pour vérifier si par hasard il ne s’y cachait pas un deuxième étage perdu entre le premier et le grenier, ou encore une cave, ou toute autre pièce, terrasse, balcon, véranda, qui m’auraient échappés. Après m’être perdu cent fois dans les couloirs, je ne trouvai rien que je ne connaisse déjà à part ces couloirs. J’étais sur le point de renoncer lorsque j’eus l’idée de monter sur le toit, à la recherche de quelque lucarne j’imagine, qui m’aurait mis sur la voie d’une pièce secrète, indétectable sauf par ce moyen-là, quelle idée, toit d’où je tombai presque aussitôt, après avoir eu le temps cependant de constater qu’il était couvert de tuiles, probablement imperméables, ainsi que la présence d’une souche de cheminée et d’une antenne de télévision. Pour le point de vue, il me faudra y revenir plus tard, n’ayant guère eu le temps de l’apprécier, ou alors très fugitivement, dans une sorte de basculement.

         Mais enfin, cette expédition me permit d’annoncer fièrement à ma Lara : Clara, bonne nouvelle, nous avons un toit au-dessus de la tête et aussi très probablement quelque part dans la maison une cheminée où nous pourrons faire du feu l’hiver, ainsi qu’un poste de télévision que nous devrions trouver facilement en suivant le fil. Ce fut une trop longue phrase et, perdue dans sa lecture, je ne pense pas qu’elle l’entendit jusqu’au bout, ni même à son début. Ça m’apprendra à la déranger. Toujours est-il qu’elle m’a fait gagner un étage, et donc en surface, c’est déjà quelque chose.

 

 

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3 mars 2010 3 03 /03 /mars /2010 18:22
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LARA-6 0953(Lara, ne tenant plus qu'à un fil)

        

         Cependant l’atmosphère était paisible. On aurait entendu voler une mouche. D’ailleurs, on les entendait. (Mais cette fois, me sembla-t-il, produisant comme une petite musique de nuit, et dans leur vol une grâce tout à fait inhabituelle, comme au ralenti, voluptueuses presque, esquissant, ou tentant d’esquisser peut-être, une sorte de ballet aérien.)

         Quelque peu désœuvré, craignant aussi pour ma bonne contenance, n’ayant surtout rien d’autre sous la main à feuilleter que ces vieilles revues lues et relues cent fois (revues issues de ces promotions où un abonnement gratuit est offert pour une durée de six mois, six mois durant lesquels on se surprend à espérer se cultiver un peu, devenir bon jardinier, bon cuisinier, fin connaisseur, mais cela cesse vite, très exactement à l’expiration de la promotion en question), j’entrepris d’observer son dos nu, d’y déchiffrer je ne sais quoi, comme on essaie de lire dans les pensées ou dans les lignes de la main, quelque chose qui m’en aurait dit long sur elle. Ou peut-être au vu de ces quelques centimètres carré de peau, ce projet, certes un peu osé, de l’imaginer tout entière, dans toute sa nudité ou simple appareil. (Un peu à la manière de ces spécialistes qui parviennent, à partir d’un simple bout d’os ou d’un vieux chicot, à reconstituer un mammouth tout entier au quart de poil prés.)

         Qu’essayais-je de déchiffrer sur son dos? Sûrement pas son passé ni son avenir, ni même le nôtre d’avenir, encore trop tôt pour ça, mais bien plus ce présent qui pour une fois semblait ne pas vouloir s’enfuir tout de suite, ce présent stupéfiant que consacrait sa propre présence, là, toute proche, si proche, si palpable cette présence qu’elle semblait m’envahir peu à peu au point de me rendre présent à mon tour, pour la première fois de ma vie peut-être, comme par contagion.

         Enfin, c’était un très beau dos, c’est en fait ce qui m’apparut en premier, avant toute autre tentative de déchiffrement : fin, gracieux, bien dessiné, presque musclé, recouvert par endroits d’un fin duvet comme il en vient aux enfants mâles ou femelles passé un certain âge. Je tentai une phrase comme: Votre dos me dit quelque chose mais... mais je ne trouvais pas la suite. Non pas qu’il ne me dise rien ce dos, bien au contraire il me soufflait des questions presque violentes. Plusieurs fois je fus même tenté par la morsure. Je m’abstins bien sûr. Non pas par crainte des conséquences qui eussent pu être fâcheuses mais pour la raison que ce tout premier soir-là je le préférais de loin ce dos à un face à face qui eut été trop violent : trop de bouches, trop de regards, trop de lèvres. Une lecture immédiate et sans mystère.

 

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1 mars 2010 1 01 /03 /mars /2010 18:32

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BELLES-MECANIQUES 0909

Lara en Espagne, lors de la Fête des Papillons

 

         La première nuit, nous avons dormi ensemble car elle avait quand même trouvé moyen de se tromper, désignant ma chambre étant comme la sienne et la sienne, celle d’amis, comme la mienne. En fait de chambre d’amis - puisque je n’en possède point : ni chambre, ni amis, ni chambre d’amis à fortiori -, elle avait désigné le salon, cette pièce dite principale où, en ce qui me concerne, il ne se passe principalement rien, et plus précisément le canapé, seul meuble avec le poste de télévision et une plante dite grasse mais d’une maigreur cadavérique puisque décédée depuis des années, qui auraient pu l’induire en erreur. (Car je ne voulais pas croire de sa part en une quelconque mauvaise foi ou, au contraire, vu l’état du canapé, lui concéder un certain goût pour le confort, ainsi qu’un attrait certain pour l’indépendance et ses aises.)

         A peine au lit elle s’est mise aussitôt à lire, joliment couchée sur le flanc, son livre ouvert sous la lampe de chevet, vu que l’ampoule n’est pas bien puissante, à peine de quoi constater qu’elle est allumée ou lire l’heure à mon réveil, ou encore, mais c’est tout juste, apercevoir mes pantoufles au pied du lit. Allongé derrière elle, j’avais une vue imprenable sur son dos. Ma présence à ses côtés ne semblait pas la troubler ni la déranger outre mesure, ni même lui suggérer son erreur. Au point que je me souviens d’avoir été pris d’un doute à cet instant : et si elle avait raison, si cette chambre qui était pourtant bien mienne était plutôt la sienne? Je regardais la décoration, qui ne décore pas grand chose à vrai dire, disons que ça fait habité. Non, c’était bien ma chambre qu’elle avait fait sienne, sur simple décision de sa part, par simple décret. (Peut-être une personne de haut rang?)

         Comme il ne se passait pas grand chose à part son dos et les pages de son livre, je fus pris d’un autre doute, moins furieux que le précédent mais tout de même. N’y tenant plus, je touchai un peu ses seins puis son sexe. Vous êtes bien une femme, lui dis-je alors, un peu au hasard et sur cette simple idée, assez répandue, que les femmes n’en possèdent pour ainsi dire pas, ou alors si bien caché, si bien perdu ou égaré quelque part entre leurs cuisses que c’est à peine si on peut le distinguer ou même y accéder. Oui, oui! fut sa réponse. Et ce fut tout. Quelques pages plus loin, après y avoir mûrement réfléchi, je me décidai: Et moi je suis un garçon. Silence. Raté pour l’électrochoc. Alors, un paragraphe plus loin, un très long paragraphe si j’ai bonne mémoire, peut-être même un chapitre : Oui, oui, vous êtes bien un garçon et je suis bien une fille. Ça alors, pensai-je, autant pour les chambres elle a pu se tromper lourdement mais pas pour nos sexes. Elle doit en connaître un sacré bout sur le rayon. Vous me faites confiance? Je veux dire sur le fait que je sois une fille pardon un garçon? Vous ne tenez pas à vérifier par vous-même en main propre comme je viens de le faire à l’instant pour vous? Oui, oui, Non, non. Cet échange entre nombre de phrases lues en silence.

         C’est à cet instant précis, si je ne me trompe, que j’ai compris qu’elle et moi allions bien nous entendre.




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27 février 2010 6 27 /02 /février /2010 17:39
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sourires-d-enfants 0894(Larron, à l'époque de son service militaire)


         Je me souviens parfaitement de son arrivée qui eut lieu très exactement par un de ces beaux soirs. Et non par un de ces beaux jours ou beaux matins par où commencent en général les belles histoires. Quoiqu’il me revienne à l’instant que certaines de ces grandes arrivées, parmi les plus remarquables, eurent lieu en effet certains beaux soirs, où l’hiver, la tempête, et l’orage font rage. Donc, pour les belles arrivées, un beau jour ou un beau soir, peu importe, mais jamais dans le courant de la matinée où il y a le ménage et la lessive à s’occuper, et moins encore l’après-midi, consacré en ce qui me concerne à la sieste et à l’ennui.

         En revanche j’ignore encore, toujours à propos de ce fameux soir, pour quelle mystérieuse raison elle a accepté de me suivre, si je le lui ai seulement proposé, ou plutôt si ce n’est pas moi, à supposer qu’elle connaisse mon adresse, qui l’ai suivie jusque chez moi. Car tout de même je ne l’ai pas trouvée à m’attendre sur mon paillasson mais sûrement ailleurs un peu plus loin mais où? (Peut-être sur un autre paillasson, ce ne sont pas les paillassons qui manquent quand on y pense.) Nous nous serions invités mutuellement à nous suivre? L’un faisant le premier pas, l’autre le second, et ainsi de suite, le tout dans une sorte d’osmose dans la démarche et le choix de la trajectoire?

         Je me souviens qu’elle a dit avant même de poser son sac : Voici ma chambre et voici la vôtre! Manière de lui montrer que moi aussi je pouvais avoir de la conversation, j’ai aussitôt enchaîné - un tel sens de la répartie m’étonne encore aujourd’hui : Et voici la salle de bains et voici la cuisine! Le tout sans me tromper une seule fois, ce qui m’était évidemment plus facile me trouvant fort à propos à mon domicile. (Quoique de nos jours, cuisines et salles de bains se ressemblent au point qu’on pourrait s’y tromper, toutes aussi propres et rutilantes les unes que les autres qu’on s’y laverait ou y mangerait par terre, au choix, je parle bien sûr des cuisines et salles de bains “témoin”, celles des vitrines.) Mais enfin les présentations étaient faites, sauf pour nos noms et prénoms. On ne se présente jamais assez bien ni assez distinctement.

 

(à suivre)

 


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18 février 2010 4 18 /02 /février /2010 18:07
Lara en Espagne


img137(Lara en Espagne)

 

         Lorsqu’elle est quasiment absente, ses trois espèces envolées ailleurs, que j’en suis quasiment certain, je me garde bien de bouger le petit doigt. Car pour rien au monde je ne voudrais qu’elle me surprenne à vivre autrement qu’en sa présence. (Vivre autrement, je me demande bien comment je pourrais m’y prendre.) Je tiens donc à rester le même - ce qui, par ailleurs, ne m’oblige à  aucun effort d’imagination ou autres. Le même qu’elle a suivi jusqu’ici sans poser de questions, sans répondre aux miennes. Différent, peut-être qu’elle en oublierait le chemin du retour, volontairement ou non. D’une certaine façon, je vis donc bien plus intensément son absence, ses absences, que sa présence. Lorsque je m’en ouvre à elle, c'est pour l'entendre me dire que le contraire la peinerait, qu’il est juste et bon que je ressente cela, que Larron je suis, Larron je resterai. (Je dois donc m’appeler Larron?)

 

         Un jour, histoire de régler une fois pour toute l’affaire de son petit nom, l’idée m’est venue de procéder à une sorte d’appel comme autrefois à l’école.  Pétula X ? ... Paméla Y ? ... Angéla Z ? ... etc. L’idée étant qu’avec un peu de chance elle finisse par répondre présente, et alors je saurai enfin si c’est  Gloria, Lara, Fabiola, etc. (Quoique l’essai que j’eus la prudence ou la curiosité d’opérer sur moi auparavant n’eut rien donné: j’eus beau me faire l’appel des après-midi entiers, à aucun moment je ne fus capable de répondre présent à l’énoncé de quelque petit nom que ce soit. Mais peut-être n’ai-je point été baptisé tout simplement?)

 

         Pourtant, je suis presque sûr qu’elle existe.

 

 




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10 février 2010 3 10 /02 /février /2010 12:08


img117.jpg(Larron?)

         A défaut de couple, peut-être pourrait-on parler d’un duo ou d’une entité? Ou encore, mais plus modestement cette fois, d’un petit monde, excessivement restreint certes, dans lequel pourtant, si un seul être venait à manquer (elle surtout), tout serait dépeuplé? Quoique pas entièrement puisque je resterais une fois de plus planté là entre mon ombre et mon reflet, peuplant le monde à moi seul donc - mine de rien.

         Ou encore avancer ceci : que nous en soyons à ce point précis, quoique incertain, en cet instant crucial où le couple se trouve en voie de formation ou de déformation. Autrement dit que nous en soyons elle et moi au stade de la rencontre. Ou plutôt de la pré-rencontre car la rencontre elle-même est souvent - sauf à parler coup de foudre - le produit fini d’un ensemble de sous-rencontres, tel que croisements inopinés, œillades plus ou moins appuyées, petites phrases rougissantes, propositions diverses et variées, pécuniaires ou non, gestes déplacés, parfois même fort déplacés, mais  favorablement accueillis, attouchements, frôlements, pénétrations, tous ces codes, petits signes convenus qui indiquent un intérêt certain de l’un pour l’autre. Bref, ces instants où les candidats s’adonnent à des tentatives d’approches ou de fuites en avant, aux réglages minutieux de la bonne distance, aux évaluations subtiles des fors intérieurs, aux pesages secrets du pour et du contre, jusqu’à ce que l’on puisse enfin décréter, et sans erreur possible - laissons un peu de marge tout de même -, la naissance d’un couple ou d’une entité? Ou même, pour peu que l’on possède ce don de voir grand et loin, avec en sus cette idée derrière la tête que possèdent certains de la procréation forcenée, envisager le début d’une population? Voire la naissance d’une nation?

 

         Simone? Non.

 

img116.jpg

(Lara?)

 

         La question de son absence/présence, de même que celle de son petit nom, occupent une bonne partie de mes pensées sinon la totalité. Parfois, profitant d’une de ses présences réelles ou supposées telles, je saute sur l’occasion pour grouper mes questions taraudantes : Pétula (ou Paméla, ou Lara)? Ici votre Larron (ou Lardon ou Luron)! Vous êtes là? Allô? Cette manie idiote de ponctuer chacune de mes questions par un “allô” qui doit venir de mon peu d’expérience dans l’art de m’adresser aux humains sauf au téléphone, et encore. Je poursuis ma série de questions taraudantes : Deux, est-ce nécessaire ou suffisant pour une entité? Et enfin, ce sera là ma dernière question : que signifie entité s’il vous plaît? La réponse, lorsqu’elle me parvient de la pièce à côté, si elle me parvient (je ne sais pas comment je me débrouille pour qu’elle se tienne presque toujours dans la pièce d’à côté, je l’ai déjà dit, et moi dans l’autre voisine, ce qui nous fait certes deux pièces, un certain confort donc, mais enfin causer à travers les murs - c’est à dire en ce qui me concerne directement au papier peint, en l’occurrence un paysage saharien représentant comme un vaste lotissement d’oasis, chacune possédant ses trois palmiers et sa marre d’eau potable puisqu’un chameau s’y désaltère -, ne procure pas le même frisson amoureux qu’un face à face ordinaire), donne à peu près ceci “Oui, oui!” Ou bien “Oui, oui, non, non! Ouvrez donc votre dictionnaire!”


 

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8 février 2010 1 08 /02 /février /2010 17:50


img113(Véritable portrait de Lara)

         Moi c’est Larron. Ou Lardon, ou Luron, je sais plus tiens. Ça me fait penser qu’il faudra que je lui demande. Elle, celle à qui il faut que je demande si c’est Larron, Lardon, ou Luron, c’est Clara. Ou Lara, ou Gloria, je sais plus tiens, ça me fait penser qu’il faudra que je lui demande aussi. Autre chose, je suis de sexe masculin et elle c’est une fille. Dès lors il semblerait que nous formions un couple.

 

         (Peut-être Angéla? ou Fabiola? Non, Angéla sûrement pas.)


img114.jpg

(Véritable portrait de Clara)

 

        

         Un couple pourtant, rien n’est moins sûr. Disons qu’il nous arrive l’espace d’un certain laps, en général assez bref, de nous trouver en présence l’un de l’autre. (En tout cas sous le même toit, en l’occurrence le mien, elle-même se tenant la plupart du temps dans la pièce voisine et ce, quelque soit la pièce où je me trouve.) Et, tout aussi fréquemment, en absence l’un de l’autre. De là donc à parler de couple je ne sais pas. D’autant que rien, jamais, qu’elle soit ici ou ailleurs, lors de ces fameux laps, n’étant à même de me garantir la réalité de sa présence ou de son absence, sous ses deux espèces s'entend, corps, âme, et esprit, ce qui nous fait trois espèces. Ceci n’étant pas de mon fait puisque, quant à moi, sortant peu, je suis presque toujours désespérément présent, peut-être pas éternellement mais tout de même avec une certaine constance. D’ailleurs, tel que vous me voyez, à l’instant même où je vous parle, je me tiens encore debout, ici présent ce me semble, au milieu de la pièce principale, ainsi nommée parce que c’est la première en entrant dans cette maison qui me soit venue sous le pied, bref à peu près figé, ou prostré, entre ces quatre murs qui n’en font d’ailleurs qu’un puisque solidement reliés entre eux. Et si j’ai seulement un doute quant à ma présence, et il m’en vient parfois, je vais me planter devant la glace pour vérification: ainsi, s’il y a reflet, si de plus il me ressemble, si de plus il se met à bouger en même temps que moi ou, à l’extrême rigueur, avec un léger décalage, celui-ci me laisse à penser qu’il y a présence de ma personne. Ou encore, à défaut de miroir, l’ombre de moi-même, laquelle, lorsqu’il fait soleil, fait tout aussi bien preuve de mon irréfutable présence, ombre que je m’amuse à faire gesticuler, à traîner sur le carrelage, descendre quatre à quatre les marches de l’escalier, et aussi, lorsqu’il est à son zénith, à  la piétiner rageusement, non pas tant par haine de moi, mais pour le simple plaisir d’avoir pour ainsi dire sous la main quelqu’un à piétiner, ne serait-ce qu’une ombre.

 

         Non, cette incertitude quant à la présence ou l’absence de ma Lara viendrait plutôt de cette notion très particulière qu’elle a des lieux et des endroits à travers lesquels elle semble pouvoir se glisser tel l’oiseau dans l’azur, ou bien, tant que j’y suis, comme le poisson dans l’eau, l’image est peut-être plus forte, de ce don qu’elle a d’apparaître et de disparaître, non pas seulement à volonté mais selon une sorte de rythme régulier et cependant aléatoire, un peu à la façon de ces phares dont la lueur tournoyante va sans cesse éclairer ailleurs si on y est, et dont le rai, pour peu qu’on ait le malheur de le quitter un instant des yeux, semble s’être perdu ou éteint à jamais, ailleurs, de l’autre côté de la nuit. Que de belles images.

           Pétula? Paméla? Pétula, c’est joli, c’est gai, et puis ça présente bien. 

 

 

 

 

 

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