La chlorophylle a sur lui l’effet d’un assommoir. Cette verdure, cette verdure, gémit-il face au spectacle grandiose de la montagne. (Si ce n’est elle, c’est le parc du château, pourtant magnifique avec son gazon parfait et ses essences rares. Mais pas une de ces caillasses en flammes où son regard pourrait trouver refuge.)
Et ses premières journées se passent à dormir, d’un sommeil étrange, plus proche de la syncope que de ses ravissements habituels, tandis que ses nuitées le surprennent l’œil écarquillé, les oreilles tendues guettant le pas assuré des fantômes à l’étage au-dessus. Autant dire qu’il se meurt. Et il s’en plaint.
Sa sœur, qui se garde bien de le ramener à la vie tant il peut être casse-pieds dans ces moments-là où il se croit malade par la faute du dépaysement, ses petites habitudes mises à mal, arguant d’un léger décalage horaire, d’une pression atmosphérique néfaste à sa tension artérielle, tente en vain de le rassurer : Mais non, mais non, c’est l’oxygène que tu respires à pleins poumons, tu vas voir tu vas revivre.
(Comme s'il y tenait.)
A pleins poumons, à pleins poumons, quelle idiote ! mais quelle idiote ! Respire-t-on à pleins poumons lorsque l’on dort ? C’est ce qu’il aimerait lui répondre si la torpeur dans laquelle il est plongé le lui permettait.
Cet argument d’ailleurs ne lui venant à l’esprit que bien plus tard, dans le train du retour où il se réveille enfin.
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