Mes petits cailloux blancs s’ennuient, je ne les emmène plus promener. Bien qu’un peu lourds pour mes poches trouées nous étions pourtant devenus inséparables. C’est à eux par exemple que je devais de retrouver mon lit le soir, ça n’est pas rien.
Aujourd’hui où je ne vais plus au bois comme au temps des lauriers, j’hésite entre rester au bord du chemin où l’on m’a laissé ou au contraire à me perdre au bout des ces chemins boueux dont parle le poète*. Car j’ai dans l’idée, depuis que j'arpente les routes de la Drôme, que c'est probablement au bord de ces chemins que je trouverai la mort. Après tout, c’est l’endroit idéal pour quelqu’un qui au vagabondage a toujours préféré l’enfermement.
Rien n’est plus patient qu’un caillou blanc mais tout de même dites-leur de ne pas m'attendre. (Et même je vous les prête volontiers si vous en avez l’usage. Ils sont au bord du chemin voyez-vous. Merci de les remettre en place à votre retour.)
* "Moi d'abord la campagne, faut que je le dise tout de suite, j'ai jamais pu la sentir , je l'ai toujours trouvée triste, avec ses bourbiers qui n'en finissent pas , ses maisons où les gens n'y sont jamais et ses chemins qui ne vont nulle part."
Louis-Ferdinand Céline. Voyage au bout de la nuit.
(Brouillon daté du 28/06/2011)