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5 décembre 2010 7 05 /12 /décembre /2010 13:20

 

REPONSE AU BILLET PRECEDENT


Aujourd'hui : Le vieux con du coin. 

 

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    De nos jours, les enfants n'aiment pas la campagne, ils s'y ennuient, et pour une fois, une fois seulement, je ne leur jetterai pas la pierre. Les parents, ceux qui n'ont d'autre choix que de les y envoyer tout de même, se surprennent à rêver que leurs rejetons trouveront une autre occupation que de se pendre, fuguer, ou mettre le feu à grand-mère.

   Pour la première fois sans doute ils se mettent à prier avec ardeur pour que leurs petits chéris découvrent au plus vite leur sexualité (par un de ces jours de pluie par exemple, fréquents comme par hasard pendant les vacances, durant lesquels ils tournent en rond dans la maison en hurlant qu'ils veulent jouer à quelque chose.) En premier lieu la masturbation bien sûr et avant tout. (Espérant tout de même que les petits chéris trouveront bien un ou une partenaire, ou plusieurs - encore mieux - pour se relayer, un chien, un chat, un veau, une chèvre, n'importe qui, n'importe quoi pourvu que les après-midi qui ne passent pas se passent dans la plus grande quiétude - enfin.

   Aujourd'hui disparu ou en voie de disparition, le vieux con du village était le compagnon rêvé pour petits et grands (jusqu'à quatorze ans maximum). Educateur spécialisé avant l'heure, il était la pièce manquante à une éducation parentale par trop étriquée. Toujours de bonnes histoires à raconter sur le village, la vie cachée des humains (le maire, le curé, le pharmacien) et des choses (toutes choses), il savait tenir son auditoire. Les jours de pluie, il recevait sa clientèle dans son appentis où il y avait de quoi s'occuper pour sept ou huit vies.

    Mon vieux con à moi (pas si con bien sûr), 95 ans, marié, cent cinquante enfants et petits enfants à travers le monde, on l'appelait affectueusement Tonton Ricardie. Il y avait même une chanson sur lui lorsqu'il passait devant la maison sur sa vieille 125 Peugeot, ses cannes à pêche en bandoulière. "Tonton Ricardie qui passe... "

     Il était capable de tout. Par exemple, il avait décidé, avant de m'emmener à la pêche avec lui, de me fabriquer ma propre canne. Cela a prit un mois. Un mois de suspens et de patience, car ça n'avançait pas très vite : il fallait trouver le bambou, assez souple mais résistant, fabriquer le bouchon, monter la ligne, apprendre à attacher un hameçon minuscule...

   Et puis la préparation du brandon pour la fête de la Saint-Jean. Ça a l'air simple au cinéma : le type saisit n'importe quel bâton au sol, le passe rapidement dans le feu, et miracle, ça lui fait une torche le temps nécessaire à l'action. Eh bien ça ne marche pas comme ça. Du tout. 

    Pour en revenir au sujet, ce nouveau petit métier devrait rencontrer un vif succès auprès des parents et des élus locaux, toujours soucieux d'attirer le touriste dans leur trou perdu. Le financement des salaires non plus ne devrait soulever de problèmes : moitié par la Mairie ou le Conseil régional, moitié par les parents. (L'on évitera d'embaucher curés, moines, et chanoines à la retraite, ce pour des raisons purement arbitraires et injuste...)

 

 

 

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3 décembre 2010 5 03 /12 /décembre /2010 17:41

Amis de la poésie

 

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Jardins du Luxembourg. 1890.

 

   Bien des gens que je croise dans la rue et dont je surprends bien malgré moi les conversations ou soliloques, possèdent souvent des tournures de phrase, des mots, des expressions, qui m’enchantent. Ils sont poètes et ne le savent pas. Des univers merveilleux se perdent ainsi à jamais. C’est inadmissible. Ces pauvres hères, car ils sont souvent indigents, désœuvrés, disposant justement de loisirs pour mettre des mots sur leur ennui ou leur colère, leurs chagrins et leurs rêves envolés. Bref, sur leur nostalgie d’un monde où ils pouvaient encore se payer le luxe du silence ou du parler pour ne rien dire.

   Certes, il existe des poètes professionnels. On les connaît. Organisés en sectes, encartés jusqu’au cou, toujours prompts à se réunir, ravis à l'idée de se chamailler, se jalouser, tous imbus de leur statut officiel et patenté. S’ils leur arrivent de lire leurs œuvres, le plus souvent fort mal, c’est dans l’unique but de vendre leur opuscule à l’issue d’une soirée d’un ennui colossal où la seule consolation que l’on puisse espérer réside dans l’infime espoir toujours déçu qu’il restera un fond de mousseux tiède à l’issue de la ruée générale. Car le poète et sa cour possèdent une sorte de droit de cuissage sur le « buffet » (et sur les très rares demoiselles à peu près comestibles). Pire : il est souvent bien vu, sinon obligatoire, d’acheter l’opuscule du Maître avant de lui demander très humblement une dédicace. Le moyen le plus sûr pour qu’il vous considère, non sans quelque condescendance, comme un homme de goût, voire un fin lettré. Ça n’a pas de prix cette considération distinguée, ça vaut bien une messe et accessoirement un billet de cinquante euros - car il serait extrêmement vulgaire de réclamer votre monnaie pour un recueil de douze pages qui en vaut déjà vingt ou vingt-cinq.

    Je viens maintenant, assez péniblement, à ce « nouveau petit métier de la crise ». Je m’élève et je dis : Laissons l’hère s’exprimer ! Entendons-le ! Lors de l’une de ces lectures sauvages par exemple, lectures qui étaient fréquentes à la fin du XIX ème siècle dans les squares et jardins publics qui voyaient des poètes non autorisés déclamer soudain à pleins poumons pour le plus grand plaisir des promeneurs. Sur l’illustration ci-dessus, encore un document rare, on voit à quel point ces derniers pouvaient en être bouleversés ! On remarque qu’un autre poète (à gauche au premier plan) attend patiemment son tour tout en paraissant apprécier à sa juste valeur le chant déchirant de son confrère.

   C’est un peu tard certes, mais je m’aperçois soudain qu’il ne s’agit pas là véritablement d’un métier au sens où on l’entend aujourd’hui : une source de revenus. Qu’importe ! Il n’y a que les riches pour croire que les pauvres cherchent du travail pour l’argent seulement.

 

(Ici, un salut et un grand merci à Madame de Keravel qui m'a encouragé à poursuivre et à "épaissir" le texte.)

 

 


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2 décembre 2010 4 02 /12 /décembre /2010 17:51

Un métier d'homme, un vrai. 

 

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    Vous vous demandez sûrement de quel vieux métier il s’agit ici et surtout quel nouveau petit métier (destiné pour mémoire à des chômeurs sans qualification aucune) il peut bien m’inspirer. Je me le demande aussi.

    En réalité, ce vieux métier, observateur météorologue, existe toujours bien sûr, plus que jamais d’actualité même avec tous ces spoutniks. Je ne vous apprends rien en vous rappelant que les observateurs de cyclones sont des pilotes chevronnés, d’un courage forçant l’admiration, qui, après s’être copieusement soûlés et encocaïnés jusqu’aux oreilles, se mettent aux commandes d’avions assez puissants pour traverser les cyclones de part en part. Ainsi, tout en hurlant de terreur, l’équipage peut transmettre des informations qui ne serviront à rien à des météorologues installés bien au chaud à quelques milliers de kilomètres de là. Mais voilà : ces avions coûtent chers et les pilotes ne reviennent pas toujours. (L’avion non plus donc.)

   Un peu d’Histoire. Dans un port aussi important et stratégique que celui de New York ou Brest, les dégâts causés par les orages et la foudre sur les bâtiments, les dépôts de munitions ou de marchandises, étaient si importants qu’à l’apparition des aéronefs on eut l’idée de ces paratonnerres aériens. Evidemment, on ne soufflait mot à l’équipage de leur véritable mission qui consistait tout bonnement à attirer la foudre sur eux et leur frêle esquif. Les malheureux, qui pensaient surveiller un hypothétique ennemi à l’horizon, tombaient donc comme des mouches enflammées persuadés mourir en héros. Si tant est que l’on pense quoi que ce soit de ce genre en de telles circonstances.

   L’on comprend mieux à présent où je veux en venir, moi le premier.

   Aujourd’hui, correctement équipés (coiffés d’un casque à pointe, une fourche aux pointes acérés dans chaque main, un téléphone portable allumé à l’oreille), nos tout nouveaux travailleurs pourraient, à la moindre alerte, se précipiter sur le toit d’un monument historique, d’un palais, d’un ministère, ou d’une habitation privée pourquoi pas. Payés à la tache, ces vaillants soldats du feu sacré (c’est ainsi qu’on pourrait les appeler, quelque peu pompeusement certes) se verraient récompensés par une prime à chaque coup de foudre reçu et homologué. Célébrés à l'égal de nos bien-aimés soldats du feu, ils auraient naturellement droit à leur bal annuel - lors que la fête de la Sainte Fée Electricité par exemple.


   (Bien! Ce nouveau petit métier ne vaut pas un pet de lapin, j’en suis bien conscient mais je tenais trop à vous montrer la belle gravure ci-dessus. "Ça, c’est fait" comme dirait Luc.)

 

 

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1 décembre 2010 3 01 /12 /décembre /2010 17:39

Le bourreau des cœurs

 

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     Jusque vers la fin des années cinquante (du siècle dernier, bientôt il faudra préciser), avant que les visites médicales ne deviennent obligatoires, les parents des futurs fiancés avaient recours à celui que l’on appelait le « bourreau des cœurs », puisqu'il avait en quelque sorte droit de vie ou de mort sur les futurs fiancés - ou le « palpeur » selon les régions. Son rôle consistait à vérifier si la promise était de constitution robuste, en bonne santé au moins, c’est à dire capable de remplir correctement son rôle de future épouse : bonne reproductrice, tenir son foyer, bonne au lit, bonne tout court, dure à la tache, sachant encaisser les coups de son alcoolique de mari, capable de travailler aux champs comme à l’usine. Toutes qualités qui permettent d’affirmer sans grand risque qu’un mariage est envisageable. 

    Ceci, officiellement. Car officieusement, il s’agissait aussi de déterminer si la jeune fille n’était pas excessivement sensuelle ou chatouilleuse, susceptible d’être volage donc, si elle n’avait pas le feu au cul pour être plus clair, ou au contraire si elle n’était pas de glace. Dans ce cas, c’était le fiancé mais plus fréquemment les parents qui donnaient la pièce au « palpeur » afin qu’il vérifie la chose discrètement.

    De nos jours où l’on se marie à peu près n’importe comment, ce métier pourrait bien connaître un nouvel essor, voire ce qu’on appelle un « boum » spectaculaire. (Moi qui vous parle, je suis hélas en âge de témoigner des dégâts causés par ces mariages d’amour (sic!) contractés dans le pire des laisser-aller il y a vingt ou trente ans.)

   Certes, il s’agit d’un vrai métier qui exige une formation solide (médecine générale, médecine du travail, vagues notions de gynécologie) et une réelle maturité (la femme, ses vilains tours, ses ruses, etc.) En terme de création d’emplois, on mesure le bénéfice : création de centres de formations, formation de formateurs, formateurs de formateurs, stages de mise à niveau, symposiums, colloques…

   Et bien sûr, ne perdons jamais de vue l’intérêt général : de futurs couples unis fondant de joyeuses familles aux enfants nombreux, sains, équilibrés.


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(Le pincement. Test d'endurance à la douleur.) 

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(Fermeté des cuisses...)

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(fermeté du... des...)

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(Malheur à celle qui aurait semblé prendre goût à ce geste déplacé...)

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(Traditionnellement, à l'issue de sa palpation, l'homme de l'art montrait à la future belle-famille la propreté de ses mains, preuve que celle-ci n'avait pas affaire à une souillon.)

 

      Je me demande parfois pourquoi mon téléphone ne sonne pas plus souvent. Qu'un secrétaire d'Etat, un ministre, ou même notre Président, ne prennent pas cette peine commence à m'inquiéter. Il est sans doute trop tôt pour sentir les effets de mes propositions. Je poursuivrai cependant, j'ai trop besoin d'honneurs, d'une belle décoration, mais surtout d'un poste de... sénateur à vie par exemple? pour lâcher si facilement.

 

 

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30 novembre 2010 2 30 /11 /novembre /2010 17:22

Les enfants du paradis 

 

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Saint Bandalou-les-Brandasses. La foire aux enfants. La pesée. 1903

 

    On le sait, de nos jours adopter un enfant est devenu d’une complexité rare, une sorte de parcours du combattant. Les démarches interminables, l’attente, les voyages à l’étranger, les frais afférents, pots-de-vin, etc.

   Car bizarrement on ne trouve plus d’orphelins en France. On pourrait s’en féliciter, y voir un signe de bonne santé économique et sociale. De santé publique aussi.

   Autrefois les vols d’enfants restaient le privilège des gitans. Une sorte de licence qui leur était accordée, un droit inaliénable. Depuis peu il est de bon ton de prétendre qu’il ne s’agit là que d’une légende. Laissez-moi rire. (A preuve le document, d'une insigne rareté, ci-dessus.)

  Aujourd’hui, quelque peu humanisées, tout en leur conservant ce côté bon enfant, rustique, naturel, « bio » en quelque sorte, ces foires aux enfants devraient connaître un vif succès. Quant aux retombées économiques sur des régions sinistrées, inutile d’insister sur le nombre d’emplois directs et indirects que cette « relocalistation » comme on dit de nos jours ne manquerait pas de créer (commissaires-priseurs, vétérinaires, gardiennage, sécurité, transports...)

  (La législation européenne interdit d’évoquer des arguments tels que « Achetez français» mais personne ne sera dupe et osons espérer que la solidarité nationale, si ce n’est le repli protectionniste, jouera en faveur de ces courageux entrepreneurs.)

 

 

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29 novembre 2010 1 29 /11 /novembre /2010 15:30

 

Aujourd’hui :

Le vendeur de confiserie.

 

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(Rien ne nous permet de penser que ce brave homme soit pédophile. Rien ne permet non plus de penser qu'il ne l'est pas. En revanche l’un au moins de ces deux petits vicieux est à l’évidence gérontophile. Cela se voit à la façon provocante dont il suce son sucre d’orge. Piège grossier dont furent victimes nombre d'honnêtes commerçants ambulants.)

     

      Autrefois réservé aux concierges des lycées qui opéraient en toute légalité dans les cours de récréation, ce métier oublié pourrait être avantageusement remis au goût du jour pour la plus grande joie de nos enfants, certes, mais surtout des chômeurs qui trouveraient là un emploi sûr et rémunérateur, quoique saisonnier avec ces vacances scolaires dont on se demande vraiment. 

     Un nouveau métier à exercer de préférence hors l’enceinte publique, à la sortie des classes, sur le trottoir, pour éviter les plaintes des parents radins sur l’argent de poche qui auraient tôt fait de se plaindre auprès des autorités.

    Par ailleurs, il est évident que de nos jours le sucre d’orge ne suffit plus. La clientèle est devenue exigeante. Il conviendrait donc d’y ajouter un large choix de cigarettes à l’unité, de préservatifs, de couteaux à cran d’arrêt, de mignonnettes d’alcool, de drogues diverses mais « douces » cependant. (Pour les drogues dures, envisager au préalable une étude de marché à la sortie de la rue d’Ulm, de L’ENA, des facultés de médecine, etc.)

   Il y a gros à parier que d’autres produits pourraient aussi trouver leur place sur l’étal du vendeur de confiserie. Je ne vois pas lesquels. Ces jeunes sont si imprévisibles. Aussi bien pourrait-il y avoir des demandes inattendues sur des articles religieux ou les œuvres complètes de Monsieur de Saint-Simon par exemple. Les enfants étant prêts à tout pour emmerder le monde.

   Qualités requises : appât du gain, aimer le contact avec les enfants (pour la forme), sang-froid (capacité à ne pas les frapper devant témoins).

 

 

 

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