Plaisir d'offrir (un Pluplu)
Mes différentes tentatives pour me faire adopter ont toutes lamentablement échoué. Toutes, pas exactement : l’une d’entre elles a bien failli être couronnée de succès. (J'en suis réduit à supposer qu’à la dernière minute la personne en question s’est ravisée : un mari ? des enfants ? nombreux déjà ? Je ne le saurais jamais.)
Dans un premier temps, c’est extrêmement vexant, il faut dire les choses. Ce manque d’empressement à venir me chercher, m’emmener loin, loin d’ici, a de quoi déconcerter une âme aussi sensible que la mienne.
Dans un deuxième temps, mes larmes séchées, j’ai tenté d’analyser plus froidement les raisons de cet échec incompréhensible, il faut redire les choses. Et j’ai fini par trouver l’erreur : c’est bien simple, il n’y avait qu’à me regarder. (Pour mémoire, même si j’avais pris la sage précaution de tricher un peu, les quelques photos de moi que j’avais crues irrésistibles ne l’étaient sans doute pas tant que ça : je devais bien faire mes cinquante ans.)
Cette fois, c’est décidé, je brûle mes dernières cartouches et à Dieu va ! (Noël approche à grands pas, avouez que ce serait bête de rater une si belle fête et les cadeaux, oh oui les cadeaux! les cadeaux! qui sont censés aller avec.)
Tout de même! Pour ma part, si je m'apercevais ici, ni une ni deux, je me jette sur le téléphone!
Mais je ne m'aperçois pas ici, ni à sept ans, ni à seize ou dix sept. Sauf les deux dernières photos peut-être, les autres ne me disent rien. Rien de celui que j'ai été, ni de qui je suis aujourd'hui. C'est devenu une banalité de le dire : je suis le dernier à pouvoir me reconnaître et y découvrir quoi que ce soit de nouveau ou de caché sur ma personne. (Un tantinet Narcisse peut-être?)
(Cette photo, malgré sa piètre qualité et cette sorte de grimace censée traduire une profonde joie spirituelle, peut être déterminante : il est évident que j'ai de la religion. Ainsi qu'une montre toute neuve, je suis donc en mesure, par dessus la marché, de donner l'heure.)