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12 mars 2010 5 12 /03 /mars /2010 17:45


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         Tout d’abord du calme. Le plus grand calme. C’est ce qu’il me faut en premier. Ensuite nous verrons : une fois calmé, peut-être qu’un simple calme suffira. Un calme ordinaire, celui des gens ordinaires lorsqu’ils le sont, calmes, ça doit leur arriver tout de même de temps en temps, quand rien ni aucune contrariété ne viennent les énerver. Lequel calme pourrait aller, ce serait même l’idéal, jusqu’à la nonchalance voire la désinvolture. Je n’ose espérer le je-m’en-foutisme, bien au-dessus de mes moyens en ces circonstances, d’autant que je ne sais même pas comment ça s’écrit je-m’en-foutisme. Comme ça se prononce j’imagine mais rien n’est moins sûr, il y a peut-être un piège, il y a sûrement un piège, pièges auxquels je suis en général sujet, au même titre que les panneaux dans lesquels je tombe presque obligatoirement.

         Un peu plus d’une semaine que je suis là sur mon palier à essayer d’entrer chez moi. Mentalement, j’observe ma position qui paraît bonne: debout face à mon huis, le bras droit, car je suis droitier, tendu en avant en direction de ma serrure. Au bout de ce même bras, ma main munie de tous ses doigts qui tiennent sans trembler cette clef parfaitement érigée. Jusque là, la position semble favorable et même irréprochable. Quiconque regagne ses pénates, possède une porte, une clef, et une serrure, le sait bien: on entre en général chez soi comme dans un moulin. Pas moi, merde.

         Je n’ai pas encore essayé ma main gauche, ma main la plus libre puisque je ne l’utilise que très rarement. Parfois je me demande même si elle m’est bien utile. Je suis injuste : elle n’est pas tant désœuvrée puisqu’elle me sert au plaisir. Parfois aussi je me contente de la contempler, la trouvant plutôt belle et raffinée, toute veinée et légèrement ridée par l’âge. C’est une main pour mon bon plaisir et la simple beauté d’une main. Bien sûr, si j’étais ouvrier ou maçon, je lui trouverais bien plus d’importance et elle en aurait sûrement en effet.

         Pour le moment, les voisins ne disent rien, se contentant de me saluer poliment au passage ou de faire mine de ne pas me voir mais je sens que ça ne va pas durer, ça va commencer à jaser.

         C’est mon appartement. C’est mon immeuble. C’est ma clef. C’est moi. Tout est réuni, il y a concordance. J’ai soudain un doute concernant ce “c’est moi” que je viens d’affirmer un peu trop vite. Je me tâte. Oui c’est moi bien sûr, suis-je bête. Je vais quand même me vérifier à tout hasard. Tiens donc, plus de papiers, on m’a volé mes papiers. Ça devait arriver un jour avec ma tête en l’air. Impossible dans ces conditions de me contrôler. Tant pis, pour une fois je vais me faire confiance. C’est toi? Oui, c’est moi. Aucune équivoque possible : la réponse a claqué, claire, nette, précise, le tout sur le ton d’une franchise dont je ne me serais jamais cru capable. Donc c’est bien moi, c’est déjà ça. Je le savais bien sûr mais au point où j’en suis.

         Je recommence. Je vais faire trois pas en arrière, pas quatre sinon je me casserais la gueule dans l’escalier. C’est mon grand calme qui me permet de savoir ça. Trois pas en arrière donc, pas un de plus, puis trois en avant tout en sortant tranquillement la clef de ma poche, peut-être en sifflotant, oui, à la réflexion siffloter absolument, et faire celui qui va ouvrir sa porte. Un geste simple pour gens simples. Ça rate. Ma clef s’arrête à une dizaine voire une vingtaine, allez disons une quinzaine de centimètres de ma serrure. Ma serrure trois points de merde. Vingt sept mille francs en euro, blindage de mes couilles compris. Là j’hésite : ou je  reste calme ou je fais le grand nerveux.

         Je sais ce que je vais faire : je vais retourner au bureau, y agiter quelques paperasses, saluer les collègues avant de reprendre le métro pour rentrer chez moi. Refaire le chemin. Ça devrait marcher : des années que je fais le trajet et qu’à peine arrivé sur mon palier je sors ma clef, l’introduis dans la serrure, trois petits tours et hop! la porte s’ouvre sur mon cher petit chez moi, mon petit nid douillet, où je m’emmerde immédiatement mais ça c’est une autre histoire. Au moins je suis chez moi où il fait si bon désespérer.

 

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commentaires

L
<br /> @@lén@ : non, je voulais être sûr...<br /> je répétais la question...<br /> Mais il dort déjà...<br /> à son, âge<br /> ... ça doit dormir à partir d'un certain âge<br /> J'espère qu'il a changé sa couche avant...<br /> Sinon y aura du pâté, ça c'est sûr.<br /> (je sors !).<br /> <br /> <br />
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P
<br /> Dis donc toi! Viens ici! Oui, toi! Allez, arrive!!!<br /> <br /> <br /> <br />
A
<br /> dîtes donc Luc, vous me plagiez??<br /> ;-)<br /> <br /> <br />
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S
<br /> Il s'empâte et Marco nie<br /> <br /> PS : Marco = deuxième prénom de Luc ohhh<br /> <br /> <br />
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D
<br /> Aaaaaaaaah là nous en tenons une bonne! Luc???!!!! <br /> <br /> <br />
L
<br /> T'es dans l'pâté ?<br /> <br /> <br />
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D
<br /> Je travaille MOA!! Je joue pas!!<br /> <br /> <br /> <br />
S
<br /> Manque d'inspiration, indigeste, le pâté !<br /> Et puis les poules pondeuses doivent aussi voir un moment de relâche, cuvez bien !<br /> <br /> <br />
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