Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
1 août 2011 1 01 /08 /août /2011 18:16

JUILLET-2011 9420

 

   Très jeune, je me souviens d’avoir eu l’impression que les grandes personnes ne vivaient pas, mais se contentaient d’attendre. Ignorant ce qu’elles attendaient (le savaient-elles elles-mêmes ?), j’admirais leur patience, et m’étonnais que, sans donner le moindre signe de lassitude, elles puissent consacrer tant de soin à maintenir en bon état – par le travail, la nourriture, les plaisirs – l’instrument qui devait leur servir à vivre et dont elles n’usaient pas. Plus tard, je souffris d’une liberté excessive. Tout me semblait possible, et devant ce vide immense, j’éprouvais une sorte de vertige : comment ne pas tomber ? J’eus l’idée de me lier. Ce que je redoutais le plus, c’était de n’être rien, de ne pas vivre. Je me dis que si je parvenais à accrocher ma vie à quelque chose ou à quelqu’un, elle aurait enfin une forme, elle prendrait du poids, de l’épaisseur. Il y avait sans doute quelque naïveté à m’imaginer que cette vie serait différente de celle des grandes personnes. Mais la vraie naïveté ne consiste-t-elle pas plutôt à croire que l’on peut changer la vie ? La foi ne déplace pas les montagnes. Tout au plus permet-elle de s’en écarter, de façon insignifiante. Pour vivre la même vie autrement, il suffit d’ouvrir la fenêtre et d’éteindre les lampes. Le monde alors ne cesse pas d’être, mais il change de visage.

 Bernard Pingaud. Les ruses de l’écrivain. Inventaire. Gallimard. 1965.

 

 

 

Partager cet article
Repost0

commentaires

P
<br /> <br /> Effectivement, les maux sont des cryptogrammes dont personne ne détient la clef, même en en faisant des tonnes..Tout le reste est littérature.<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
D
<br /> <br /> Mon Dieu !! Du définitif! (Mais du bon, du vrai! :)<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
L
<br /> <br /> Toutafé. Toutafé. Si ce n’est que je ne vois pas ce que pourrait vouloir dire ceci :<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> « pour vivre la même vie autrement, il suffit d’ouvrir la fenêtre et d’éteindre les lampes. Le monde alors ne cesse pas d’être, mais il change de visage »<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> si ce n’est-ce que j’y lis …A savoir qu’il suffit de regarder les choses sous un autre éclairage pour qu’elles deviennent différentes à nos yeux.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> On pourrait encore supposer qu’éteindre les lampes consisterait à clore définitivement les paupières, mais rien de ce qui précède ne nous autorise à le penser.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Alors, sauf à se persuader que les mots sont des cryptogrammes dont vous seul détiendriez la clef , je ne vois pas très bien ce qui vous autorise ce petit ton condescendant et doctoral. Et si par<br /> ailleurs, votre esprit n’est plus assez prompt aux associations, je vous suggère de mettre en pratique ma seconde hypothèse sur la citation de Pingaud.<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
D
<br /> <br /> Oui! Pas plus compliqué que ça! (En réalité, on sait qu'il suffit de fixer longtemps le même décor pour qu'il prenne une autre dimension.)<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
P
<br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Où il est clair que c'est obscur :<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Depluloin propose, comme sujet de méditation, un extrait d'un ouvrage de Bernard Pingaud sur la vacuité de l'homme inoccupé, face à lui même, cette bonne vieille vacuité cause de désespérance,<br /> suicides, et autres tracasseries secondaires, la littérature, entre autre . J'ai pour principe de ne pas commenter un ouvrage que je n'ai pas lu. Je vais faire une exception pour BP. Il ne<br /> doit pas compter sur moi pour combler son vide , je ne suis rien, je ne lui suis rien et entends bien le rester.A moins qu'il veuille rétribuer une critique qui ne sera pas pour rien quoique je<br /> n'en ferais pas un livre à prisunic. Je vais jeter mes dires sur ce blog, méditer quelques ratiocinations, peut être qu'un éditeur, après avoir longuement méditer, voudra m'éditer. S'il veut<br /> m'éditer mes dires, il n'a qu'à m'écrire, par l'intermédiaire de Monsieur Depluloin qui pourrait être, à la gent littéraire, ce qu'un motard est à l'automobiliste, un passeur de mots, tôt, un<br /> initiateur de mots, tard. Je laisse à monsieur Depluloin le choix de la police, il a bon caractère.<br /> <br /> <br /> Hors donc, Monsieur Pingaud vit et écrit à sa manière l'épreuve du vide.Son style a la richesse d'un humour a la richesse du second degré. Il prend ,une sorte de hauteur particulière ,qui n'est<br /> pas bas étage (je précise que je n'attends aucun retour d'ascenseur, j'ai l'esprit de l'escalier de secours).Ce texte a une hauteur , un peu fascinante, empreinte d'une sensation de vertige et de<br /> dérapages, soigneusement, incontrôlés.Il postule des vérités de confessionnal secrets. Depuis de Rojas , sa Célestine, beaucoup a été dit sur la difficulté à être de l'homme occidental. Putain,<br /> découvrir, avec trente ans de retard, que pour changer la vie, plutôt que d'élire le FM (un drôle de pistolet, souvenez vous), il aurait suffi d'ouvrir les fenêtre et de sacrifier au récent<br /> rituel incantatoire, éteindre les lumières, 5 minutes par jour, pour CHANGER LA VIE sans contraindre une certaine Mazarine à voir son Papa, en cachette, pour raison d 'état et des tas de<br /> raisons. Çà lui aurait changé la vie, la lumière et les fenêtres ouvertes. Bon , je m'égare (d'Orsay, salle des pas perdus de vue) et médis au lieu de méditer. (sacrée coïncidence cette homonymie<br /> approximative avec notre auteur, Le Lang a du flairer le bon présage)<br /> <br /> <br /> Monsieur BP. s'est accroché à un autre ou une autre faisant foi au mythe errant, qu'il suffirait de s'investir dans un autre pour voir son « moi », grossir. J'aimerais bien voir mon moi<br /> grossir dans un autre , au lieu de cela, c'est, bel et bien moi, qui grossit, je veux maigrir, je ne maigris pas, je m'aigris au lieu de méditer . Mes aigreurs en guise de méditation, pas un<br /> éditeur ne voudra m'éditer. Il ne pourra pas faire du gras avec.<br /> <br /> <br /> Depluloin , il en a après l'altérité en ce moment. Ce doit être la chaleur. Il se désaltère, compare eau et rosé jusqu'à plus soif. Le poids des alters égaux, finissent par lui peser.<br /> <br /> <br /> Le postulat Pingaudien pourrait fonctionner s'il n'y avait qu'un Moi et qu'un Autre et si chacun de ces deux être tenait sa place. Or ,L'un ne va pas sans l'autre, on est l'autre pour l'autre qui<br /> peut vous choisir comme hôte de son moi alors qu'on ne fait que convoiter , l'un dans l'autre, que la femme de l'autre qui en bonne logique convoite la votre ou n'importe qu'elle autre. Ben oui,<br /> il y des tas d'autres, comme des tas de moi.chacun a plusieurs moi et autres. La est vie une loterie où le désordre gagne. La probabilité de retrouver son vrai « Moi » dans le bon<br /> « Autre » finit par se résumer par une loi de gosses, qui se transmet de génération en génération. Voilà à quoi s'occupent les adultes, se gausser, établir des tablées de gosses, pour<br /> se retrouver, seuls et vides, sans Moi, ni Toit, parfois et des fins de Moi,difficiles. Cette activité leurs prend des mois, des années, m'est avis qu'ils y passent leur vie à essayer de<br /> concocter une envie de vie. Navré pour Pingaud, mais je fais , plutôt , Bingo avec Maupassant. Rien que l'idée des « maux passants » définitivement sans « au delà » m’ôte un<br /> poids, je jette mes livres d'espoirs. Cette idée que l'instant est là , à l'instant et qu'au même instant, il n'est plus, me convient pour l'instant.<br /> <br /> <br /> J'ai essayé de vivre l'instant d'à côté, j'ai, toujours été à côté de l'instant, l'instant d'avant, l'instant d'après. Le sens de l'instant est un bien précieux. D'ailleurs nous n'avons pas un<br /> instant à perdre, les<br /> <br /> <br /> instants heureux peuvent être de bons moments , les mauvais moments de brefs instants . Il y a les longues secondes et les trop brèves minutes, il y a le temps de cerises, celui des tempes<br /> grises. J'ai , toujours, avec moi une chemise en papier. Si la vie décidait de me quitter, elle s'enflammerait vite fait , au crématorium, je deviendrais, tout feu, tout flamme mais j'aurais<br /> épuisé mon temps, j'aurais beau être avide d'instants, il en resterait vide pour autant, je ne pourrais pas savourer ce dernier instant.Bon,. j'ai essayé de penser ce que je pense, j'ai tirer cet<br /> essai de pensées de zones obscures vers la lumière, vive comme l'éclair , l'espace , d'un instant ; Je suis confus.... à d'autres !<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
D
<br /> <br /> Je vois deux parties dans votre œuvre à venir et à méditer : la critique littéraire et l'autre! (Nous sommes d'accord : Bernard Pingaut n'est pas Maurice Blanchot!)<br /> <br /> <br /> Une fois encore je copie-colle! Et vos pages dépasse le millier - ou presque! <br /> <br /> <br /> (Oui, j'ai essayé l'autre soir : la lumière éteinte, la fenêtre ouverte... rien de très spécataculaire! Ces poètes, je vous jure!;)<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
L
<br /> <br /> "Ba moin en Pingaud, deux Pingaud, trois Pingaud doudou" ... heu, Pluplu ;-)<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
D
<br /> <br /> Mouaaaaaaaaaaaahhhhhhhhhh !!! Ça va ma D@me? Des restes de la Martinique? Ah c'est du joli!!! :))<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
L
<br /> <br /> :)) ah, les hommes et leurs guerres ... Je suis "sur " Céline en ce moment - et n'y suis pas seule, d'ailleurs !-, en particulier, dans le Voyage, la partie camerounaise ...<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
D
<br /> <br /> Un devoir de vacances? :)<br /> <br /> <br /> (Bien qu'il évoque une autre guerre, Claude Simon remporte la palme, je crois. Bon, disons 15 partout! (Céline, je ne peux plus je crois, c'est sans doute idiot à dire!;))<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />