"Laissez-moi vous dire tout d'abord que je ne pardonne à personne. Je souhaite à tous une vie atroce et ensuite les flammes et la glace des enfers et dans les exécrables générations à venir une mémoire honorée."
(Samuel Beckett. Malone meurt. Minuit. Page 9)
C'était une idée : utiliser ce bref extrait de Malone meurt accompagné de l'image ci-dessus pour une carte de vœux que j'aurais adressée à certains de mes plus proches qui sont aussi mes de plus en plus lointains.
Mais je me suis très vite pensé que l'aspect littéraire leur échapperait complètement vu que j'ignore tout de leurs lectures - si lectures il y a.
A ma connaissance - mais j'en appelle ici aux exégètes et à l'un d'entre eux en particulier -, Beckett n'a que très rarement usé d'une formule aussi violente dans les toutes premières pages d'un texte (qui s'achève il est vrai par un véritable bain de sang.) Violence très relative lorsqu'on connaît le bonhomme mais qui parvient tout de même à "cueillir" chaque fois le lecteur le plus averti. Au contraire d'autres phrases toutes aussi violentes mais qui vous font nécessairement vous tordre de rire. Comme celle-ci, dans les première pages de Premier Amour :
"Mais, pour passer maintenant à quelque chose de moins triste, à la mort de mon père je dus quitter la maison."