Suite à un léger revers de fortune, la chute de l’Empire colonial français, une paille, ma mère se vit obligée de renoncer du jour au lendemain à sa domesticité. Une vraie charrette. Qu’à cela ne tienne, après la délocalisation donc, elle inventa la robotisation des tâches en investissant massivement dans l’électroménager de pointe. Ainsi cette machine à remplir les tasses - de café au lait, de chocolat, ou de thé -, car nous étions nombreux à la maison.
Son "parc" était impressionnant quand j’y pense. Je me souviens plus particulièrement d’une machine à laver la vaisselle dont je ne me lassais pas d’admirer les performances. Son système était à mon avis très ingénieux : il consistait en une centaine, peut-être plus, de petites billes de plastique qui, emportées par le violent brassage de l’eau, venaient mitrailler la vaisselle sale. Laquelle après ça ressortait impeccable, d’autant que ma mère, femme quelque peu maniaque, prenait la précaution de la nettoyer auparavant à la main. Je suppose que ce sont les pertes - non négligeables en ce qui concernait le cristal et la porcelaine -, qui reléguèrent cette brillante invention aux oubliettes.