zut zut zut
Apollinaire par Picasso
Je crois me souvenir que c’est Apollinaire qui écrivait à l’un de ses amis “Merde merde merde, je suis poète!” Autrement dit, Guillaume se savait dans de beaux draps. Cette phrase m’est revenue à la mémoire alors que je relisais le livre de Roger Laporte Bram van Velde / ou cette petite chose qui fascine (Fata Morgana 1980).
Bien que je ne sois pas poète pour deux sous, je comprends évidemment mieux aujourd’hui ce qu’Apollinaire entendait par là. Mais à l’époque lointaine où je découvrais, non sans quelque stupeur, qu’un tel géant puisse parler aussi crûment, je tombais de haut : en ce temps-là en effet, celui du Lagarde et Michard j’imagine, je devais encore placer ces grands maîtres quelque part entre Jésus-Christ et le pape, des gens qui ne déféquaient ni ne pissaient jamais, ou alors dans une sorte de brouillard sacré, ou, plus sûrement encore, seuls, face à l’océan déchaîné, livides, au milieu de tempêtes. (Ma réputation de simple est assez clairement établie maintenant pour que je puisse vous faire cette confidence.)
“Il ne faut aucun adoucissement : pourquoi, alors que ma vie était particulièrement âpre, ai-je, paradoxalement, été réconforté par ce propos de Bram van Velde que nous rapporte Charles Juliet? Au fur et à mesure qu’écrire s’aggravait, les RENCONTRES AVEC BRAM VAN VELDE sont devenues mon livre de chevet dans la mesure même où je pouvais lire dans ce livre, dans presqu’aucun livre, une formule telle que : Quand le pire est évité, c’est nécessairement faux quelque part.”
Roger Laporte (page 13)
(La page d'exergue : petite mise en condition...)