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27 septembre 2011 2 27 /09 /septembre /2011 13:56

 

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   D’être chez lui l’apaise, c’est certain, surtout quand il revient d’une de ses expéditions en ville (le pain, le journal, le médecin). Il s’y sent à l’abri, pour ainsi dire intouchable, et quasiment invisible, même de sa concierge depuis qu'il a pris le parti d’être sourd.

   Malgré tout, cette belle assurance s’érode parfois. Notamment lorsque, tandis qu'il se délecte devant son poste de télévision du malheur des autres (rien ne le conforte plus dans son choix de vie comme on dit que d’assister à des catastrophes lointaines : tremblements de terre, inondations, tsunamis, sécheresses, famines, centrale nucléaire en perdition, camping ravagé, le choix est assez vaste pour lui offrir son petit moment de bonheur quotidien), il se sent soudain comme extrêmement concerné après tout. Et le doute s’installe peu à peu. Est-il autant à l’abri qu'il se l’imagine ?

   En y pensant il s’aperçoit qu'il en faut peu pour chambouler sa petite vie : des plaques tectoniques mal placées qui se battraient en duel pile sous son plancher, un météorite qu’il n’aurait pas vu venir, une vague géante qui remontrait la Seine Dieu sait comment ni pourquoi. Il s’aperçoit qu’il n’est à l’abri de rien, impuissant et nu face à la menace des éléments. Il pense même, je suis à la merci de tout.

   Il se voit précaire soudain, comme s’il avait besoin de ça, et surtout mortel.

   Angoisse.

   Se réfugier sous son bureau. Les gestes qui sauvent (entendre : qui le sauvent lui).  

   Il aperçoit déjà ces files de malheureux arpentant sa rue. Tout le monde en slip, lui surtout, le ridicule ne tue pas mais en ce qui le concerne, oui, ça le tuerait. Il s’imagine là, hagard, couvert de gravats, une cuvette en plastique sur la tête (pour quel usage ?), sa concierge épargnée on ne sait par quel miracle, se pavanant en limousine, lui faisant un bras d’honneur au passage, son salaud de fils un pied de nez. La croix rouge, le gymnase, la misère, et son chez lui cramé, dévasté par la lave en fusion, son chez lui très loin derrière lui déjà.

   Un cognac, et ça le fera.


 

 

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commentaires

G
<br /> <br /> Vous dites si bien le peu de nos vies<br /> <br /> <br /> <br />
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D
<br /> <br /> Merci, monsieur Galibert!<br /> <br /> <br /> (Les compliments me touchent toujours.)<br /> <br /> <br /> (Et je retourne fissa sur votre site!)<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
Y
<br /> <br /> Du cognac, vraiment? Vous n'auriez pas plutôt fumé la moquette? Beau texte, en tout cas!<br /> <br /> <br /> <br />
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D
<br /> <br /> J'ai été très déçu mais alors très déçu par la moquette! (Je déteste le cognac. Mon héros a mauvais goût!:)<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
A
<br /> <br /> heureusement que c'est moi qui choize! non mais! manquerait plus que!<br /> <br /> <br /> Mais où est Bernadette, au fait?<br /> <br /> <br /> <br />
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D
<br /> <br /> Nous la cherchons partout! Cet enfant nous donne bien du souci! <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
A
<br /> <br /> vous devriez aller au cinéma, ça vous distrairait, tiens il passe par exple un bon lars von trier... melancholia, ça s'appelle. C'est l'histoire d'un(e) météore qui... non, rien.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Madame de K! l'usage hésite!? sur ce qui est masculin ou féminin??? ah. moi pas.<br /> <br /> <br /> <br />
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D
<br /> <br /> Bon, j'ai vérifié entre-temps, consulter les autorités compétentes... eh bien... c'est vous qui choize, Aléna.<br /> <br /> <br /> (Pourtant Madame de K. a beaucoup d'expérience dans le sexe des anges, elle sait reconnaître un ange mâle... d'un ange femelle, si si!)<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> <br /> PS : j'aime beaucoup cette photo ! c'est de toi ?<br /> <br /> <br /> <br />
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D
<br /> <br /> Euh, oui! Eh ben j'ai bien fait de la choisir! (Choisir celle qui illustre le moins le texte. Je l'ai échappé bel! Bon, je te la donne si tu veux. (Merki beaucoup!))<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />