Les ovaires mâles exigent une hygiène constante. Lavables en machine, il ne faut pas hésiter à en changer une fois par jour au moins.
Le jeudi dans l’après-midi, la Patronne tient salon. Tous les beaux esprits du canton, ça en fait, s’y pressent d’autant plus volontiers que les femmes qui les y attendent sont charmantes et fort cultivées - disons instruites. Et parfois aussi peu farouches avec celui de ces beaux esprits qui aura particulièrement brillé. (Autant vous dire que ma vie sexuelle n’a connu aucun bouleversement notable depuis mon arrivée ici.)
Chacun y va de sa spécialité, certaines d’entre elles plus passionnantes que d’autres. (La palme revenant à un ancien instituteur, collectionneur acharné de faucilles et de marteaux qu’il va chiner dans le monde entier avant de les marier ensemble. Un artiste. (Personne n’ose lui parler de la chute du mur de Berlin, je sens que ça va être encore à moi de m’y coller.)
Les miennes de spécialités, car j’en ai plusieurs sous le coude, sont - dans l’ordre : la défense nationale, la géostratégie à l’heure de la guerre asymétrique, l’industrie lourde ou semi lourde. Et enfin le sexe mais je n’ai jamais eu jusqu’à présent l’occasion de placer un mot à ce sujet.
Et c’est justement dans ce domaine que chacun j’en suis sûr rêve secrètement d’aborder (une bonne partouze après toutes ces âneries voilà qui ferait le plus grand bien à tout ce petit monde) qu’une femme mit enfin le sujet sur la table. Si je puis dire. A cette occasion donc, j’ai appris non sans quelque étonnement (après m’être éclipsé quelques minutes pour vérifier ce que signifiait exactement ce mot) que j’étais doté comme tous les hommes de deux ovaires extérieurs.
Je résume : dans le ventre de la mère, le fœtus pense beaucoup, l’esprit jamais en repos, et, pour une raison ou pour une autre, l’ennui probablement, neuf mois à se tourner les pouces pensez, lui vient immanquablement la question de savoir ce qu’il aimerait faire plus tard – comme métier. Et là, selon son choix, il décide de son sexe. Oui. S’il veut rester la femme qu’il est (car il est femme, nous avons tous nous les hommes été femme un jour c’est extraordinaire), il garde ses ovaires là où ils sont : quelque part dans son ventre. S’il veut faire pompier ou gendarme, il décide de les laisser tomber par terre ou plutôt dans son slip. Je crois.
Depuis, même si cette étonnante nouvelle n’a guère changé ma vie ni mes habitudes, il m’arrive tout de même de me peindre les ongles des pieds en rouge carmin ou d’enfiler, lorsqu’elle s’absente, l’une des robes de la patronne, celle qui possède un décolleté je ne vous dis que ça. Rien de bien grave jusque là certes mais tout de même je sens qu'il va me falloir rester attentif.
La photo à laquelle vous avez échappé. (Mais en réalité non puisque...)