Le royaume des abeilles
Il faut absolument que je vous raconte l’histoire des abeilles. Ce qui se passe à l’intérieur d’une ruche est proprement fascinant et... effrayant. C’est toute l’histoire de l’humanité que se joue là dans cette simple petite caisse. D’ailleurs le titre du livre d’où je tiens le principal de ma documentation s’intitule très justement “Le royaume des abeilles” (Flammarion)
En résumé, il y a celles qui bossent, les plus nombreuses, une qui règne, des seigneurs qui ne fichent rien, fument le cigare ou lisent le journal, logés, nourris, et enfin les filles de la reine qui veulent devenir reine à la place de la reine.
J’en viens à mon histoire. Je ne sais pas si elle vaut le coup. Je radote des souvenirs ces derniers temps, c’est à se demander si la sénilité n’aurait pas commencé son œuvre... Bref, mon grand-père avait une ruche qu’il avait installée un peu à l’écart vers le fond du parc et dont il prenait grand soin.
Or, chaque année en été une famille de gitans passait au village pour donner un petit spectacle. Mes grands-parents les autorisaient régulièrement à faire paître leurs poneys dans les verts pâturages du parc. Les braves bêtes avaient tout loisir de se gaver pendant deux ou trois jours et les gitans en étaient toujours très reconnaissants. C’était des gitans “bien”.
Une année, ce fut une autre famille qui débarqua au village. D’un tout autre genre celle-ci : pas de spectacle, pas de poneys, rien. Un genre douteux donc. Leurs enfants poussaient le culot jusqu’à venir jouer dans le parc, chez “nous” - nous, les enfants: ribambelle de cousins et compagnie -, sur “nos” terres. Impossible de les faire décamper.
L’aîné de mes cousins, un fort en gueule, se mit en tête de les déloger en excitant les abeilles d’un coup de carabine à plombs. L’idée paraissait judicieuse sauf qu’elle s’avéra foireuse. Son forfait accompli, on vit notre grand cousin rappliquer en hurlant poursuivi de près par la moitié de l’essaim. Comment ces abeilles avaient-elles compris que l’auteur du coup de feu se trouvait cinquante mètres derrière la ruche planqué dans un buisson? Pourquoi se sont-elles complètement désintéressées des cinq ou six mômes (le gitans) qui jouaient juste devant la ruche et restèrent totalement impavides? C’était pour le moins imprévisible.
Où voulais-je en venir? Ah oui! Finalement, on a beau dire, y a quand même une justice, mon bon Monsieur!
Ce blog gagne chaque jour un peu plus en hauteur. C’est bien.