Je vote comme tout le monde.
Pour la première fois cette année, je ne voterai pas pour les César. Pas de quoi ameuter les foules.
Et ce n'est pas pour les cinquante euro annuel qu’il faut régler à l’Académie des Arts et Techniques du Cinéma. Au contraire, cette noble académie fait très bien son travail. Sauf peut-être, en ce qui me concerne, ces avertissements qui me mettent chaque fois en rage et frisent parfois la menace de mort : Pirater est dangereux pour la santé du cinéma. Pourquoi pas : Pirater te tuera, toi et les tiens, fumier! Et cet avis est répété un peu partout, jusque sur les DVD qui nous sont adressés, à nous autres académiciens, pour visionner les films que nous n’aurions pas vus. Des films parfois difficiles à suivre sans aller y rajouter des défilants tels que T’iras en taule, pirate! Ta mère te regarde! Dieu te voit! ou des choses de ce genre. Ce qui me parait toujours assez fort de café puisque nous autres académiciens - je ne m’en lasse pas - sommes intéressés au premier chef par les droits d’auteur et pour beaucoup militons fermement avec la SACD pour qu’ils ne se réduisent pas à peau de chagrin.
Non, je crois que j’ai décidé de m’abstenir lorsque je me suis aperçu qu’au fil des années j’en arrivais à voter comme tout le monde. Par exemple, cette année j’aurais certainement voté pour le film de Jacques Audiard, sans l’avoir vu, et il y a gros à parier que c’est ce film qui remportera le (ou les) César. Aucune ironie ici, Jacques Audiard a fait largement ses preuves et je suis certain que son film mérite amplement le César. Comme il a gros à parier que le dernier film des frères Cohen rafle quelques Oscar.
Certes, il y a quelques années, je me surprenais à voter pour des films comme Astérix et Cléopatre. Ne serait-ce que pour la qualité de la production, de la réalisation, du travail des acteurs, et du public enfin qui me semblait mériter lui aussi d’être reconnu un jour ou l’autre. C’est un exemple. Limite, certes, lorsqu’on apprécie le septième art pour ce qu’il devrait être : un art. Mais le cinéma ne peut pas être toujours un art, il en crèverait plus sûrement que des suites du piratage.
Non, la vraie raison de mon abstention c’est cette lassitude qui fait qu’on finit par se laisser emporter au fil de l’eau, qu’on apprécie avoir enfin raison avec les autres. - ont-ils tort d’ailleurs ces "autres" dont je fais aussi partie? -, qui fait que l’on se surprend à voter comme un seul homme.
La morale de cette histoire est politique bien sûr. C’est d’ailleurs là où je voulais en venir mais c’est là que je vais devoir m'arrêter.