13 février 2010
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Sébastien Brebel (Un éloge de la folie)
Un titre ronflant comme je les aime, parce que sans doute ils me dispensent (si tant est que j'en sois capable) d'écrire la suite, titre qui pourrait laisser présager une étude de six cents pages sur cet auteur pour lequel j'ai la plus vive admiration, on l'aura compris depuis le temps que je parle de lui ici.
Voici donc deux passages, que j'avais promis au sujet de la rencontre et de l'un de mes billets, celui-ci je crois, passages extraits du Fauteuil de Bacon (P.O.L)
Voici donc deux passages, que j'avais promis au sujet de la rencontre et de l'un de mes billets, celui-ci je crois, passages extraits du Fauteuil de Bacon (P.O.L)
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Mais le malheur veut que chaque fois qu'il cherche à sortir de sa propre obscurité, l'homme esseulé rencontre encore plus obscur que lui, contre quoi il se heurte et se brise les os. J'avais rencontré l'être vital, dit-il, et pour mon malheur je m'étais jeté de tout mon être contre cet être, et j'avais tenté d'épouser l'ombre qui était en lui, pour mon malheur j'avais cru guérir ma solitude en plongeant dans une nuit plus noire que ma propre nuit, mais je n'étais pas allé jusqu'au bout de cette nuit, car je m'étais retourné et j'avais rebroussé chemin vers la lumière du jour, et maintenant tout était définitivement perdu et je devais me sentir plus seul encore et plus vain.
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(p. 114)
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On ne rencontre l'être idéal qu'une fois dans sa vie, dirait Sauvage, de manière absolument imprévisible et improbable, et aussitôt que nous l'avons rencontré nous qualifions intérieurement de vital cet être que nous ne pourrons plus jamais oublier, mais le plus souvent nous ratons le train et nous restons sur le quai, et nous attendons encore en vain, de nombreuses années après avoir raté ce train, nous attendons encore sur le même quai cet être idéal , n'osant quitter notre place de peur qu'il échappe à notre vigilance, et à la fin nous ne savons plus ce que nous attendons, toujours à la même place sur le même quai peuplé de voyageurs indifférents. Mais le rendez-vous est manqué, nous n'avons plus rien à faire sur ce quai; notre vie n'est pas changée et elle ne connaîtra plus aucun changement, il n'y aura plus dans notre vie une seconde chance de bifurquer. Le comportement humain n'admet que des bifurcations peu nombreuses, expliquerait-il, et ces bifurcations sont elles-mêmes peu suivies d'effets, ces bifurcations le plus souvent sont des impasses.
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(p. 117)
Sébastien Brebel
Le Fauteuil de Bacon
P.O.L
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(p. 114)
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On ne rencontre l'être idéal qu'une fois dans sa vie, dirait Sauvage, de manière absolument imprévisible et improbable, et aussitôt que nous l'avons rencontré nous qualifions intérieurement de vital cet être que nous ne pourrons plus jamais oublier, mais le plus souvent nous ratons le train et nous restons sur le quai, et nous attendons encore en vain, de nombreuses années après avoir raté ce train, nous attendons encore sur le même quai cet être idéal , n'osant quitter notre place de peur qu'il échappe à notre vigilance, et à la fin nous ne savons plus ce que nous attendons, toujours à la même place sur le même quai peuplé de voyageurs indifférents. Mais le rendez-vous est manqué, nous n'avons plus rien à faire sur ce quai; notre vie n'est pas changée et elle ne connaîtra plus aucun changement, il n'y aura plus dans notre vie une seconde chance de bifurquer. Le comportement humain n'admet que des bifurcations peu nombreuses, expliquerait-il, et ces bifurcations sont elles-mêmes peu suivies d'effets, ces bifurcations le plus souvent sont des impasses.
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(p. 117)
Sébastien Brebel
Le Fauteuil de Bacon
P.O.L