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1 février 2010 1 01 /02 /février /2010 18:18

Bientôt, moi aussi...


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Bientôt, moi aussi je saurai dessiner des femmes nues. Depuis le temps que j'en rêvais, que je ne faisais qu'en rêver, maintenant ça y est : j'ai décidé de m'en donner les moyens. J'ai acheté une méthode simple - en principe - intitulée sobrement "Peindre les nus". Bien sûr, il faut commencer par le début, ce qui n'est guère dans mes habitudes. Comme disait l'autre : on devrait commencer par le défilé de la victoire, faire la guerre ensuite. Bref, l'idée est donc de commencer, pour dessiner une femme nue, par dessiner un homme nu, avec squelette, quelques muscles par ci par là, et l'indispensable feuille de vigne (voir l'illustration ci-dessus). Je veux bien. Et jusque là, grâce à la technique du calque et du papier carbone, ça se présente plutôt bien. La suite est plus contraignante.


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Ainsi que l'on peut en juger, cela se complique très vite. Trop vite. (Et encore, cette fois au moins la pose que j'ai fait prendre à la belle m'évite d'entrer dans des détails anatomiques sans intérêt artistique.)

Passé ce cap, je peux rêver à ceci:

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ou cela:

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A dire vrai, ce que j'aimerais par-dessus tout c'est de savoir dessiner un bonhomme avec un gros nez, par exemple, qui contemplerait une bouteille de gaz, par exemple. Ou un marteau. Ou un... Mais ça, ce n'est pas à la portée de tout le monde.




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31 janvier 2010 7 31 /01 /janvier /2010 18:44

Jardin tout confort


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         Mon jardin a la taille d’un terrain de football. D’emblée, je lui trouvai toutes les qualités : une surface telle qu'elle permettait d’envisager toutes les plantations possibles (potager, verger, fleurs à couper), surface parfaitement plane, rigoureusement délimitée par des bandes blanches, pas moyen de se tromper, recouverte d’un gazon ras, arrosée automatiquement selon les saisons et le degré d’hygrométrie, comportant en outre deux sortes de cages faites de filets tendus toute désignées pour y planter groseilliers, framboisiers, cassissiers, que les oiseaux s’empressent de piller que c’en est pénible.

 

         Plus tard, je découvris même, situé à l’écart, tout le confort possible : vestiaires, douches, W-C. Confort rare qu’apprécie tout jardinier à la fin de sa rude journée.

 

         J’allais oublier : l’exposition est parfaite, le soleil se levant d’un côté, je ne sais plus lequel, se couchant de l’autre. Et aussi, mais cela je le découvris plus tard presque par hasard, mon jardin pouvait le cas échéant être éclairé par de puissants projecteurs pour les travaux de nuit. Une fort belle affaire vraiment que ce terrain. C’était pour le moins un jardin de contremaître voire de directeur d’usine que je venais de m’offrir pour le prix d’un simple jardin d’ouvrier.

 

         J’étais ravi, et mon ravissement fut tel que je me mis aussitôt au travail. Une nuit pour dresser le plan général selon les directives de M. de Perthuis, auteur indépassable du célèbre Traité d’Architecture rurale (1810), traité qui aujourd’hui encore fait autorité comme chacun sait.

 

         Les jours suivants furent certes harassants mais ô combien exaltants! Chaque heure apportait sa pierre à mon jardin, si je puis dire, et rien ni personne n’aurait pu de me distraire de ma tâche. Personne sauf une bande de jeunes idiots surgis soudain de nulle part pour jouer au ballon. Je vous demande un peu. J’eus beau jouer du râteau, de la pelle, de la pioche, rien n’y fit. Ce fut la maréchaussée qui trancha : au lieu de chasser les vandales, les pandores me conseillèrent, sans rire, d’aller me renseigner auprès de mon notaire et de m’acheter des lunettes pour mieux déchiffrer le plan cadastral.

      Ce que je fis, n’étant pas du genre à contrevenir aux lois de mon pays. Mon nouveau jardin se situait en effet bien en contrebas du merveilleux terrain de cons, au bord de la rivière, en zone inondable, c’est à dire inondé six mois par an. Depuis je me désintéresse souverainement des jardins. Je vais au marché deux fois la semaine, où je trouve à peu près tout ce dont j’ai besoin : pain, olives, et sardines à l’huile.


 

 

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30 janvier 2010 6 30 /01 /janvier /2010 17:32

On est prié de copier sur son voisin


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        Ce matin, après avoir lu l’excellent billet de Didier da Silva, je me suis fait la réflexion suivante : après tout, puisque le travail de copiste a disparu, que celui de plagiaire n’est pas sans risques, pourquoi ne pas revenir à ce travail d’écrivain, tombé aujourd’hui en désuétude, qu’est le “à la manière de”. Nombre de normaliens, exilés dans quelques lointains lycées, s’y sont collés, et certains en ont fait des recueils qui réjouissaient les familles lettrées.

 

         Poussant enfin cette formidable réflexion jusques aux sommets, j’ai pensé qu’à tout prendre mieux valait écrire un sous-Beckett, un sous-Pinget, un sous-qui-vous-voulez qu’un vrai Untel (Monsieur Untel, c’est moi. (Bien entendu, il n'en est rien: je veux écrire comme moi, MOI, persuadé détenir sous ma plume le cinquième évangile!))

 

         Les affres du jeune Annocque me sont alors revenues en mémoire - au sujet de Beckett. Que Philippe Annocque l’Ancien me pardonne.

 

        Et voilà qu’ouvrant mon livre de chevet, je tombe sur ces lignes:

 

"Il ne s'était jamais comparé à Webern (et les autres comme il disait), heureusement il avait été protégé de cette manie de la comparaison qui s'empare un jour de tout créateur, et lui-même en tant que créateur (compositeur) avait heureusement échappé à cette manie. La moindre comparaison, dans ce domaine, aurait signifié mon anéantissement, disait-il, anéantissement de mon désir de composer et anéantissement de ma propre personne confrontée à son insignifiance. Un anéantissement pur et simple, qui abat impitoyablement tous ceux qui éprouvent dans leur être ce besoin de se comparer et qui meurent de ce besoin, suffoqué par leur insondable nullité."

(Sébastien Brebel. Le Fauteuil de Bacon. P.O.L)

 

Note : Dans un précédent billet, j'avais donné un extrait de Villa Bunker du même Sébastien Brebel. Depuis j'ai vu que, au sujet de son Place Forte, cet auteur s'est trouvé à deux doigts d'être conduit au bûcher pour son goût de la répétition et des parenthèses. Je précise pour ceux qui craqueraient déjà l'allumette que dans Villa Bunker, un livre majeur en ce qui me concerne, l'auteur a abandonné ces pratiques "honteuses".Ouf!

 


 

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29 janvier 2010 5 29 /01 /janvier /2010 18:17

ma première "vraie" guerre



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         L’autre jour, pensant à mai 68, ma première vraie guerre, j’ai soudain pris un sacré coup de vieux. La faute en revient principalement à ces jeunes arrogants qui ne ratent jamais une occasion de me dire, à moi, car j’imagine que ça m’est adressé, j’en suis même certain, qu’ils sont nés en 70, voire en 80. Non seulement je ne leur demande rien, mais surtout je m’en tape de leur date de naissance. Je m’en désintéresse à un point qu’ils n’imaginent même pas.

 

         Mai 68 fut donc ma première guerre. J’étais jeune mais vigoureux pour ne pas dire costaud. Mon idéal politique consistait surtout, à l’époque, en cette possibilité inédite de sécher facilement les cours. Comme on dit avec justesse et poésie : soufflait alors sur Paris un vent de liberté.

 

         Je me faufilais donc dans toutes les manifestations de bonne tenue du moment qu’elles avaient vocation à changer la face du monde. (Mises à part celles des cinglés d’Occident par exemple et les contre-manifestations gaullistes.)

 

         Je me suis essayé pourtant une fois une seule à une manifestation royaliste, laquelle n’est guère restée dans l’Histoire, vue que nous étions une misérable quarantaine qui s’est dispersée à la vitesse de l’éclair au premier coup de sifflet. Hurler “Vive le roi”, je le devais à mon grand-père maurassien qui m’avait très tôt initié à cette pensée politique qui me paraissait alors tenir debout. (Je rêvais sans doute d’être anobli un jour, avec le château et les terres afférentes.)

 

         Bref, l’expérience fut si désastreuse que mes efforts se concentrèrent dès lors sur les grandes manifs du Quartier latin. Je fus blessé une fois par un tir “ami” comme on dit : un crétin derrière moi, un gringalet d’étudiant, qui s’imaginait pouvoir balancer une barrière quelques cent mètres plus loin sur la première ligne de CRS, barrière que j’ai prise assez violemment sur le coin de la figure. Après cet exploit, j’empruntais le casque moto de mon frère après avoir pris soin de saboter son engin. (Je ne crois pas qu’il ait jamais fait le lien entre ces “fichues pannes” qui l’occupaient beaucoup et mes escapades révolutionnaires.)

 

         Résultat : je n’ai pas changé la face du monde mais j’ai sacrement raté mes études. Et qui sait peut-être ma vie. Foutu à la porte par les jésuites, je me retrouvai chez d’autres bons pères, réputés plus aimables, ce qui ne les empêcha pas de me virer à leur tour un an plus tard, ayant eu le culot de protester publiquement contre le soutien apporté par le Supérieur à une liste gaulliste.

 

Et voilà : grand-père raconte sa guerre! Mince! Vite, une petite couleur chez mon coiffeur et il n’y paraîtra plus!


 

 

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28 janvier 2010 4 28 /01 /janvier /2010 18:10


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Vous remarquerez qu’aucune chaise n’est attribuée à cette table, j’utilise le tabouret de la cuisine qui est aussi le tabouret de la salle bain. Ce tabouret me fait bien de l’usage finalement car je m’en sers aussi d’échelle pour laver mes carreaux. Un bien bel achat. En fait, je l’ai trouvé dans la rue.

         Voilà pour le visuel comme on dit. Je ne vais pas perdre mon temps à décrire ce que par ailleurs vous voyez mieux que moi. Je vais plutôt parler de ce que vous ne voyez pas. Par exemple, on ne voit pas, vous ne voyez pas, que je pense. J’ai l’air de dormir comme ça, c’est un air que je me donne volontiers la nuit quand je n’arrive pas à fermer l’œil, mais en fait pas du tout : je pense pour de bon. Et ça ne se voit pas, vous ne pouvez pas le deviner. Comment pourriez-vous d’ailleurs, difficile de savoir lorsqu’un crâne d’œuf barré d’une mèche qui vient opportunément masquer un regard abruti se met à penser pour de vrai. Moi-même ne m’en rends pas toujours compte, ma vie ne se confondant que très épisodiquement avec mon activité cérébrale. (Tout ceci doit me venir de l’enfance, comme le reste, plus particulièrement de l’école où j’évitais soigneusement les yeux pétillants d’intelligence qui vous font aller droit au tableau, quoiqu’à bien y réfléchir, mes yeux pétillants de rien du tout m’y envoyaient tout aussi sûrement, voire plus souvent qu’à mon tour.) De plus, pour ne rien arranger, ma pensée est invisible. Du moins je m’y efforce en prenant l’air de celui qui pense à tout autre chose qu’à sa propre pensée. C’est exactement le cas en ce moment. Pas de chance pour vous qui êtes surtout là pour assister à quelque chose. A quoi, à quel genre de spectacle, je l’ignore, on ne m’a rien dit à ce sujet. Une tranche de vie j’imagine. Il doit y avoir erreur car la vie, son agitation, ses manifestations les plus évidentes, qui plus est son principe même, ne sont pas mon fort ni de ma compétence et moins encore de mon ressort. Donc ne pas compter sur moi pour les signaux vitaux fondamentaux et ce fameux vécu qui revient paraît-il à la mode ces derniers temps.

        Oui.

        Rien d’aussi peu vivant que cet appartement et son occupant. Surtout son occupant. Certes, je suis bien obligé à quelques activités, déambulations, reptations, mais rien qui ressemble de près ou de loin à la vie. Je ne suis pas mort notez bien, ni même mourant ou à l’agonie, mais pas véritablement en vie non plus.

         On verra, vous verrez.

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27 janvier 2010 3 27 /01 /janvier /2010 18:09


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         A côté de tout ça - le lit, la masse, la mèche -, une table de nuit, plutôt élégante ainsi perchée sur ses longs pieds. Quoiqu’un peu rustique cependant car en bois brut. Un héritage ou un don je ne sais plus. Posée dessus une lampe de chevet en albâtre. Peut-être en marbre, pas sûr, n’y connaissant rien en décoration d’intérieur. L’interrupteur est à la bonne hauteur, c’est à dire à portée de main, de la mienne en tout cas. Le bouton est fluorescent, lui aussi, tout comme feu mes étoiles, pour le repérer plus facilement la nuit. C’est fort pratique et très astucieux aussi, je n’y aurais pas pensé moi-même. Entassées entre les quatre pieds qui les maintiennent droites, des piles de livres, à portée de main eux aussi mais pas fluorescents, ça c’est dommage.

         Qu’est-ce que je raconte moi. Mais non, mais non. Comment puis-je vous mentir à vous qui voyez tout : entre les quatre pieds de ma table de nuit, trône mon canard en plâtre. J’ai longtemps cru à une oie mais j’ai dû me rendre à l’évidence: il s’agit bien d’un canard. Notez ses belles couleurs et ses yeux qui vous regardent où que vous vous trouviez dans la pièce. Lui manque plus que la parole, et puis de vivre aussi. Sans doute parce que je ne m’en suis pas suffisamment occupé. J’aurais dû le mettre plus en valeur, le scolariser voire, lui faire passer des concours de canards qu’il aurait à coup sûr brillamment remportés. Et aujourd'hui il y aurait tout plein de fers à cheval cloués autour de sa niche, qui feraient notre fierté à tous deux.

         Mes livres sont entassés un peu plus avant, entre le poste de télévision et mon lit. Des ouvrages de fond, d’un abord difficile, réclamant une très vive attention. Je ne lis que ça. Je me méfie des livres que je comprends trop bien : si je comprends trop vite, trop tôt, c’est que c’est idiot. Car je ne suis jamais intelligent tout de suite, c’est pourquoi je commence immédiatement par être idiot. J’estime que c’est une bonne base, un bon départ, raisonnable en tout cas, en vue de l’intelligence. De même qu’il m’arrive de comprendre certaines de mes bêtises bien des années plus tard, et ce n’est pas la moindre de mes consolations que de briller trop tard, la plupart du temps en pure perte. Un peu à la manière des étoiles justement, des idées dans mon firmament crânien qui brillent encore alors qu’elles sont mortes depuis longtemps.

         Au pied de ma couche, la petite table où je prends mes repas. Vous la voyez non? Ce serait étonnant avec toutes ces caméras, tous ces yeux plutôt. Couverte d’une pile de vieux journaux ouverts qui me servent à la fois de nappe et de lecture. Tout en mangeant, je prends ainsi connaissance des nouvelles autour de mon assiette, laquelle donc, malgré son diamètre modeste, crée certaines lacunes dans mon actualité. (Pour y palier j’avais bien pensé acheter des assiettes en verre avant de me rendre compte que je devrais manger transparent, et rares sont les aliments solides qui le sont.) Lorsqu’une page est par trop maculée, je la tourne ou l’arrache, remontant ainsi à peu de frais le temps qui dépasse. Des guerres se déclarent dont je connais l’issue avant même le premier coup de canon, ça me donne l’impression de connaître l’avenir. Mais pas le mien hélas, mis à part quelques vagues pressentiments, car on ne parle pour ainsi dire jamais de moi dans les journaux. Sauf si par chance je tombais sur le carnet des naissances où la mienne serait annoncée mais alors il s’agirait de très vieux journaux et par ailleurs je doute qu’on se soit donné cette peine à l’époque, celle de ma venue au monde, mon vautrage sur terre devrais-je plutôt dire, ne valant pas trois lignes dans une feuille de choux.

        

         Trêve.

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26 janvier 2010 2 26 /01 /janvier /2010 17:52

Vivement le printemps!



Je le sens, il est là, à nos portes. Pour preuve, cette nuit la Terre a brusquement basculé, dans le bon sens. Pas de beaucoup, heureusement, mais suffisamment pour qu'au matin je retrouve les meubles de mon salon entassés dans un coin de la pièce.


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Pourtant, chaque année à son arrivée, je me demande si je ne serais pas mieux là-bas...


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(Si une personne - ou un animal -, se reconnaît sur l'une de ces photos, et qu'elle ne souhaite pas apparaître ici, qu'elle me le fasse savoir.)


Ce billet est tout spécialement dédié à François Matton, en espérant ne pas avoir dépassé les quatorze lignes.



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25 janvier 2010 1 25 /01 /janvier /2010 17:58

Les santons de Belgique.



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Hier, en défaisant ma crèche (je retarde ce moment le plus longtemps possible, jusqu’à la fin du mois de janvier, février parfois lorsque la météo s’y prête, car il m’est très pénible ce moment-là, c’est un peu de merveilleux qui s’en retourne au placard), j’ai compris pourquoi le petit Jésus s’était payé un peu ma tête à Noël.

En effet, je me suis aperçu avec horreur et consternation que j’avais complètement oublié de l’y placer comme il faut le 24 au soir à minuit précise. Quel distrait! J’imagine que je devais penser à autre chose à cette heure précise mais cela m’étonne car c’est la minute ou jamais dans l’année où l’on se doit de penser au petit Jésus. J’ai donc envisagé cette possibilité atroce qu’une de mes souris se soit jeté sur le nourrisson, lequel devait constituer une proie facile et bien appétissante, il faut bien le reconnaître . Heureusement, car l’idée qu’une souris puisse manger le corps du Christ, du futur Christ, me révoltait intérieurement malgré mon peu d’attachement au culte romain, je me suis souvenu que mon petit Jésus était en mousse, tout comme ses parents d’ailleurs. (Normal: les chiens ne font pas des chats comme on dit!)


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Cependant - et qui n’est pas pour me rassurer sur le sort du petit Jésus -, de l’unique brebis du troupeau, celle que j’appelais affectueusement Milou, elle aussi en mousse, il ne restait que la tête, une tête grignotée, affreusement mutilée, méconnaissable.

Au risque de bousculer les traditions, je vais donc abandonner ces santons belges pour ceux de Provence, moins comestibles eux et plus sacrilèges,  mais qu'importe : l'année prochaine le petit Jésus ressortira de ma crèche sain et sauf.


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24 janvier 2010 7 24 /01 /janvier /2010 18:02
07h34



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         On me voit, vous me voyez.

        Quant à moi je ne me vois pas. Et pour cause je dors encore ou plutôt je fais semblant. Mais vous, vous me voyez, c’est ce que j’ai cru comprendre. Les proportions sans doute n’y sont pas, ni l’harmonie, je dois paraître plus important que mon lit, mon corps disparate coincé entre les deux montants, tête et pieds bien calés contre, on dirait qu’il a été bâti à mes exactes mesures - faudrait d’ailleurs pas que je grandisse sous peine de m’y retrouver prisonnier comme d’un étau -, quelques pans de ma chair débordant ici ou là, cramponné ou enlacé à mon traversin. Enlacé plutôt. D’où je suis, de mon sommeil en trompe-l’œil, je ne saurais dire s’il n’y a pas comme un début de lascivité au matin avec mon oreiller. Il est possible que j’aie réussi à l’apprivoiser durant la nuit, m’en sois fait une épaule voire un ami. Car, malédiction ou quoi, je dois presque toujours tout dompter ou apprivoiser autour de moi, y compris ma propre personne. J’ai dit oreiller, c’était une erreur, il s’agit bien d’un traversin.

         Rectification. A la réflexion, vous ne me voyez pas. Tout enfoui que je suis, c’est à peine si vous distinguez une masse, humaine probablement. Par ailleurs, qui milite en faveur de la masse humaine, il est rare que des animaux, de ma taille tout au moins, viennent passer la nuit dans mon lit. Ou alors ce serait bien inconvenant. En revanche, émergeant à peine de là-dessous - drap, couverture, couvre-lit, robe de chambre, chandails, serviettes éponge, serpillières, vieux pansements - vous apercevez peut-être une mèche issue en droite ligne des quelques cheveux qui me restent. Mèche grasse et bien huilée qui, correctement orientée de l’oreille gauche vers l’oreille droite, me sert également de chevelure dans la journée durant laquelle j’ai l’air moins chauve qu’en nocturne, c’est du moins ce que je me plais à croire. Sous la mèche, un front soucieux. Soucieux, peut-être pas. Peut-être qu’au matin mon front paraît moins soucieux. Peut-être ai-je réussi à l’apprivoiser lui aussi durant la nuit. Je ne sais pas. Ce serait étonnant, n’ayant jamais trouvé le repos, pas même la nuit. Surtout pas la nuit qui me fait toujours comme un caillou dans les yeux.

         Peut-être mes étoiles filantes, car je suis constellé. Un jour que j’étais d’humeur badine j’avais entrepris d’en coller quelques-unes à mon plafond, des fluorescentes, visibles seulement la nuit, comme les vraies. J’aimais être ainsi constellé, ce rêve peut-être de coucher aux belles étoiles. Mais j’ignore pourquoi, peut-être parce que filantes justement, elles ne se sont jamais plu dans mon ciel qui est maintenant vide. Elles se sont décrochées les unes après les autres pour aller s’éparpiller un peu partout dans la pièce. Un temps, ce fut même assez plaisant : de quoi me prendre pour le centre de l’univers.

         J’oubliais: si vous regardez bien, la couverture devrait être agitée d’un imperceptible mouvement de va-et-vient, de haut en bas ou de bas en haut, tout dépend de la manière dont on respire: certains commencent par expirer, d’autres par inspirer. Je fais partie de la première catégorie : lorsque je me décide enfin à respirer, je commence par me crever la panse, et le reste, malgré quelques mémorables ratés, suit presque automatiquement. Bref, d’une manière ou d’une autre la masse respire. J’espère que j’expire, que je respire veux-je dire. Oui, je respire. C’est principalement l’exhalation qui me le confirme, à ce parfum de paille humide qui me remonte aussitôt aux narines.

 

 

 

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23 janvier 2010 6 23 /01 /janvier /2010 19:05

Je vote comme tout le monde.


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Pour la première fois cette année, je ne voterai pas pour les César. Pas de quoi ameuter les foules.

Et ce n'est pas pour les cinquante euro annuel qu’il faut régler à l’Académie des Arts et Techniques du Cinéma. Au contraire, cette noble académie fait très bien son travail. Sauf peut-être, en ce qui me concerne, ces avertissements qui me mettent chaque fois en rage et frisent parfois la menace de mort :  Pirater est dangereux pour la santé du cinéma. Pourquoi pas : Pirater te tuera, toi et les tiens, fumier! Et cet avis est répété un peu partout, jusque sur les DVD qui nous sont adressés, à nous autres académiciens, pour visionner les films que nous n’aurions pas vus. Des films parfois difficiles à suivre sans aller y rajouter des défilants tels que T’iras en taule, pirate! Ta mère te regarde! Dieu te voit! ou des choses de ce genre. Ce qui me parait toujours assez fort de café puisque nous autres académiciens - je ne m’en lasse pas - sommes intéressés au premier chef par les droits d’auteur et pour beaucoup militons fermement avec la SACD pour qu’ils ne se réduisent pas à peau de chagrin.

Non, je crois que j’ai décidé de m’abstenir lorsque je me suis aperçu qu’au fil des années j’en arrivais à voter comme tout le monde. Par exemple, cette année j’aurais certainement voté pour le film de Jacques Audiard, sans l’avoir vu, et il y a gros à parier que c’est ce film qui remportera le (ou les) César. Aucune ironie ici, Jacques Audiard a fait largement ses preuves et je suis certain que  son film  mérite amplement le César. Comme il a gros à parier que le dernier film des frères Cohen rafle quelques Oscar.

Certes, il y a quelques années, je me surprenais à voter pour des films comme Astérix et Cléopatre. Ne serait-ce que pour la qualité de la production, de la réalisation, du travail des acteurs, et du public enfin qui me semblait mériter lui aussi d’être reconnu un jour ou l’autre. C’est un exemple. Limite, certes, lorsqu’on apprécie le septième art pour ce qu’il devrait être : un art. Mais le cinéma ne peut pas être toujours un art, il en crèverait plus sûrement que des suites du piratage.

Non, la vraie raison de mon abstention c’est cette lassitude qui fait qu’on  finit par se laisser emporter au fil de l’eau, qu’on apprécie avoir enfin raison avec les autres. - ont-ils tort d’ailleurs ces "autres" dont je fais aussi partie? -, qui fait que l’on se surprend à voter comme un seul homme.

La morale de cette histoire est politique bien sûr. C’est d’ailleurs là où je voulais en  venir mais c’est là que je vais devoir m'arrêter. 

 

 

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