Les temps s’annonçant difficiles, pour ce qui me concerne en tout cas, j’ai décidé de prendre les mesures qui s’imposent dans ces situations de guerre larvée. Une fois de plus, c’est en triant mes archives que l’idée de me lancer dans le faux autographe m’est venue. (Je possédais déjà par ailleurs, je dois l'avouer, une petite expérience - certes ancienne - dans le mot d'excuse et la signature des carnets de notes. De l'intérêt d'une scolarité suivie.)
Ici, un faux Ionesco, dont j’étais assez fier à l’époque, destiné à tromper un acteur que je désirais absolument convaincre de jouer dans un film qui ne s’est jamais fait. La prudence m’avait commandé de commencer par un simple tapuscrit, plus facile à imiter - à part la signature bien sûr.
Cependant, avant de me mettre tout à fait hors la loi (car il me vient à l’esprit que face au juge je ne pourrais prétendre avoir voulu nourrir ma femme et mes enfants, payer les arriérés de la maison de retraite de ma mère, mais seulement me dorloter moi-même), j’ai décidé de lancer un appel aux nombreux écrivains vivants (évidemment) qui passent par ici : je leur demande instamment de m’écrire quelques lettres, signées surtout, dans lesquelles ils feraient part de quelques-uns de leurs tourments, joies, soucis domestiques. Les détails croustillants étant les bienvenus : vicissitudes, turpitudes, vie sexuelle, déviances diverses, etc. Quitte à inventer bien sûr mais il m’est avis qu’ils n’auront pas à chercher bien loin...
En attendant, mon indispensable Dictionnaire des Trucs de Jean-Louis Chardans (Jean-Jacques Pauvert Éditeur) ouvert à la bonne page, je commence à m’entraîner...