salade de beautés
A une amie de passage, je fais cette confidence sur le ton le plus péremptoire qui soit à ma disposition :
- Désormais je consacrerai tout mon temps, toutes mes forces, toute mon énergie, à la Beauté !
Elle me fixe un instant, jette un œil sur mon tambourin, puis :
- Crois-tu que ce soit bien raisonnable de te lancer dans de tels frais ?
- Comprends pas…
- Eh bien… pour commencer un peigne… une chemise… une thalasso … un peu de chirurgie esthétique peut-être ?
- Je parlais de la beauté avec un grand "b"! Dehors, vilaine ! Grosse fille ! Dépressive !!
Je ne me vexe pas facilement d’ordinaire mais là… là, il s’agissait aussi, et surtout, de mon beau tambourin qui m’avait inspiré un petit poème sans prétention aucune mais dont je n’étais pas peu fier et qui me paraissait bien charmant dans sa touchante naïveté et ses rimes riches.
Cette amie ignore sans doute quels irréparables dégâts il vient de causer à la Beauté et à quel point Elle va vous manquer puisque elle (la vilaine fille) vous en prive. Parce qu'en réalité, elle n'avait peut-être pas tort : la beauté ne sort pas de la cuisse d'un tambourin mais d'un corps exercé et d'une âme travailleuse.
Bref, demain la Beauté.