On ne m’enlèvera pas de la tête que j’ai une bouche à nourrir. Et puis, j’y pense à l’instant, une autre à boire et une autre à fumer. Et encore une autre à causer ou à gueuler. Ce serait plutôt à gueuler ces derniers temps, c’est l’humeur dans l’air. Je dois être sûrement affreux avec toutes ces bouches. (Et je ne compte pas mes dizaines de lèvres et de langues, on n’en sortirait pas.)
Heureusement, je n’ai plus de dents, cela m’évite des calculs bien délicats, car alors il m'aurait fallu compter celles pour mordre les fesses des enfants (j’adorais), d’autres pour mordre celles des femmes (j’adorais aussi), celles pour mordre leurs tétons (un régal), celles pour mordre leurs… bref.
Je ne crois n’avoir qu’un nez qui ne me sert à rien de précis sauf à l’avoir au milieu de la figure, c’est décoratif. Si quand même à me moucher et aussi, accessoirement, à supporter mes lunettes, les oreilles ne suffisant pas. (J’ai deux oreilles.)
Je dois ressembler à un Picasso tel que je me vois.
Donc mes frais de bouche, c’est là où je voulais en venir, sont considérables. Ceux de mes dents zéro puisqu’absentes. Ceux de mon nez restent raisonnables (il fut un temps où ils ne l’étaient pas, temps révolus hélas). D’autant qu’il y a de cela quelques années, j’ai investi dans une tondeuse électrique à poils de nez qui me donne entière satisfaction puisqu’elle fait aussi tondeuse de poils d’oreille. (Je sombre dans le vulgaire que c’en est un délice.)
D’autres frais de gueule?
Les cotons tiges peut-être. Mais la médecine depuis peu en déconseille formellement l’usage et je ne me lave donc plus les oreilles.
Je préfère en rester là, et vous aussi je parie, vous préférez.